[26/08/2003] Löwenherz

Participants
– Jérôme, ravi finalement de re-pratiquer ce jeu qu’il avait apprécié au printemps,
– Julie, idem,
– Olivier, alias Lolive, très très très très… très… motivé pour jouer à Löwenherz, alors que j’aurais bien testé San Francisco 🙁
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Lolive se jette sur la boîte sitôt arrivé. S’en munit. La contemple. Et s’exclame : « Ca, je veux essayer !!! ». Voilà, ma foi, une prise de position qui laisse peu de place à la négociation, vous en conviendrez… Alors, soit, ce ne sera pas San Francisco ce soir, malgré une lecture intensive des règles de ma part, mais bel et bien l’un des jeux incontournables de ma ludothèque : le fameux Löwenherz, dont on ne se lasse pas.

Histoire de mesurer l’importance des placements
initiaux des châteaux, nous décidons d’appliquer la disposition
initiale des portions de plateau mais de laisser le champ libre au placement
des châteaux de chacun. Ainsi, le jeu devrait en ressortir plus
déséquilibré et donc encore plus passionnant (défense
de zones lucratives, alliances plus prévisibles, proximité
accrue, …).
Jérôme, en tant que jeunot du groupe, est désigné
comme premier joueur et il choisit les éléments gris, alors
que Julie prend les rouges, Lolive les violets et Ludo le gars les orangés.
C’est parti, après un petit raffraîchissement de règles
inévitable et bienvenu…


Une bien belle tablée, ma foi…

La partie proprement dite débute avec
saveur : chaque frontière posée étant à double
tranchant, personne n’ose trop clairement aider un adversaire en créant
un domaine à sa place. Forcément. Les négociations
sont déjà assez relevées, ce qui promet de belles
empoignades pour la suite de la partie.

Conformément à ce qu’il avait
laissé entendre, Lolive crée assez rapidement un premier
royaume et marque ses premiers points. De mon côté, je prends
un peu plus mon temps, convaincu que lesfrontières posées
par mes adversaires devraient m’être utiles, et je préfère
collecter de l’argent toujours difficile à engranger et des cartes
politiques bien souvent utiles si prises tôt dans la partie
Pour la petite histoire, les 3 premières cartes politiques que
je pioche sont des sacs d’or ! Bonjour la malchance ! Deuxième
anecdote : je totalise en fin des cartes B le total assez impressionnant
de 49 en argent (27 + 22 de trésor).


Ma place forte orangée commence à faire parler d’elle
: 4 chevaliers et un royaume qui commence à s’étendre sur
les côtés…

Dans le même temps, Julie et Jérôme
se suivent au score, même si Julie réussit, après
la construction de son premier royaume, à prendre la tête
un court instant.
En clair, deux groupe se créent globalement : Lolive et Ludo le
gars devant, et Jo et Julie derrière, à une dizaine de points
environ.

La partie est vraiment attrayante et chacun
y prend un malin plaisir. Cela va du joueur qui pleure qu’il est ruiné
à celui qui tente de négocier à tous les tours, et
pas forcément pour réaliser l’action, qu’on se le dise…


Jérôme, très à la traîne, sait que
la partie ne se déroule pas à son avantage et qu’il lui
faut réagir…

Plus les tours défilent plus ma position
sur le plateau s’affirme : j’empiète de plus en plus chez mes adversaires,
j’accroîs mon avance au score et je sécurise mes positions.
Aussi bien Jérôme, que Julie, que Lolive ne peuvent s’empêcher
de bloquer devant cette situation qu’ils ne savent pas contourner.
De mon côté, je me méfie autant de Lolive (le plus
près au score et au niveau positionnement du plateau) que de Julie
(plus discrète mais avec plus de marge de manoeuvre). Donc, suivant
les tours, je m’étends plutôt chez l’un et plutôt chez
l’autre.


Une vue rapprochée du plateau lorsque mon avance s’accélère
(11 points sur le second) et mon royaume orangé s’étend
implacablement…

Nous arrivons dans les cartes D et mon avance
n’a jamais été aussi confortable. Je ne peux m’empêcher
d’invoquer le décès du roi à corps et à cris.
Les cartes E maintenant, et la situation est encore plus marquée
: j’ai atteint la dernière case du tour du plateau (voir photo
ci-contre : case 50) et le deuxième est à 26 points (case
24) !
Mais le roi se fait attendre et je m’inquiète un peu de Julie,
qui pourrait réaliser un joli retour si elle clôt son troisième
royaume. Elle le fait le tour suivant et toujours pas de roi mort en vue…

Ne possédant que peu d’argent (une
douzaine d’ors), je ne cherche pas le conflit sur la carte suivante, lorsque
Julie se positionne sur l’action n°3 correspondant à deux chevaliers
(ou 1 expansion et 1 chevalier). Je me rabats sur le second choix, déjà
correct à mes yeux : un chevalier ou une expansion.
ENORME ERREUR !!! Même si je joue avec intelligence en ne protégeant
pas une de mes villes (qu’elle aurait pris dans la foulée en plaçant
un chevalier au préalable), et en lui dérobant une colline,
je pense avoir fait le bon choix. Certes, elle me vole ma ville mais je
ne pouvais pas la contrer. Donc c’est un moindre mal.
Comme chacun me voyait largement devant depuis au moins quinze tours,
je ne peux m’empêcher de faire remarquer à l’assemblée
médusée que je n’ai plus que 2 points sur Julie…

Cliquez pour agrandir !
La configuration finale du jeu


La configuration initiale de la partie…

Le placement initial, visible sur la photo
ci-dessus, montre clairement que sur le haut du plateau Gris et Orangé
auront à s’entendre en 2 endroits, alors que ce même Gris
a essayé de s’adjuger d’entrée la position centrale du
plateau, très lucrative en collines, mais très difficile
à clôturer (et oui !).
Le placement de Rouge semble pertinent, car à la fois sur les
bords et assez isolé, alors que celui de Violet paraît
plus limite notamment à cause de ses 2 positions quasi-centrales.
De mon côté, avec Orangé, je décide de m’implanter
près des bords pour mes 3 châteaux, espérant clôturer
rapidement au moins un royaume pour pouvoir m’en servir de place forte!


Les royaumes commencent à se profiler : un petit violet et
un petit gris, ainsi qu’un moyen orangé…

Plus la partie avance, plus les positions
se clarifient : l’avance prise par Lolive se résorbe bientôt
à mon profit, mais je préfère ne pas trop me mettre
en avant, craignant des représailles évidentes de la part
de l’ensemble de la table. Je le laisse donc devant, récupérant,
au passage, encore un peu d’argent. De même, afin de ne pas être
seul en tête, je renforce ma place forte au lieu de l’étendre
trop vite et de marquer trop points. La fragilité de mon royaume,
couplé à une avance au score, serait trop risquée.


Négociation au sommet et sans succès, aboutissant à
une mise cachée.
Une vingtaine d’or étant nécessaire pour que je l’emporte
au nez et à la barbe d’un Jo médusé, n’en revenant
pas que je sois aussi riche…

Au niveau des tactiques de jeux, il semble
que Julie tente de placer beaucoup de frontières afin de se créer
plusieurs royaumes, que Lolive et Jérôme essaient d’exploiter
au mieux ce qu’il se passe (royaumes pratiquement construits, collines),
alors que, de mon côté, je tente d’exploiter un seul royaume
en l’étendant démesurément chez mes voisins et
en le blindant question chevaliers. A voir.


Lolive et Ludo le gars négocient à leur tour. Comme
Lolive rejette finalement mon offre à 15 ors, nous réalisons
une mise cachée que je remporte avec 19 contre 17 !

L’un des plus jolis coups auquels nous serons
confrontés durant la partie est l’oeuvre conjointe de Lolive
et moi-même. Voulant jouer une carte Rénégat, afin
de me prendre un chevalier comme je le suppose, Lolive la place avec
sa carte d’action n°1 pour prendre de l’argent (certitude de réussir
à jouer l’action). Ma réaction est aussi bête que
subtile : j’en place une à mon tour avec ma carte d’action n°1,
ce qui, en quelque sorte, annulera l’effet de la sienne.
A moins qu’il ne s’en serve pour embêter un autre joueur… C’est
ce qu’il fait et c’est également ce que je fais !!! On s’est
fait des énemis sur ce coup mémorable…


Déprimée la Dame Julie : en peine pour négocier,
elle a l’impression d’être le bouc émissaire de la soirée.
Moi je dis : méfions-nous de l’eau qui dort…


Ce n’est plus un royaume orangé, c’est un labyrinthe !

Olivier retourne la carte E suivante et…
le roi est mort !
Je sais, à cet insant que j’ai perdu la partie, ne possédant
aucun parchemin pour me sauver la mise.

Décompte final
Julie remporte cette partie avec un total de 54 points,
devant Ludo le gars avec 53 points, Lolive avec 34 points et Jérôme
avec 25 points.
Le détail est le suivant :

Score avant décompte
Collines
Parchemins
Total
Jérôme
20
5
0
25
Julie
44
5
5
54
Olivier
24
3
7
34
Ludo le gars
46
7
0
53

Débriefing
Me rappelant, en inversant les rôles, la mythique partie
de Tikal du 20 février 2003
, je vis avec une certaine frustration
cette défaite d’un tout petit point de rien du tout au tout dernier moment.
Incroyable final, quasiment hitchkockien, mais dont je peux analyser les raisons
avec objectivité :
– Au lieu de s’évertuer à tenter de venir « casser » mon
royaume surpuissant, Julie a brillamment diversifié son action en créant
3 royaumes, certes fragiles, mais très étendus et difficiles à
attaquer en même temps,
– Exploiter un seul royaume, même de manière intensive, est extrêmement
dangereux, et même si à un tour prêt cela aurait été
payant, on est trop exposé,
– J’ai très clairement raté mon dernier tour : jamais je n’aurais
dû laisser Julie seule sur l’action n°3. En effet, cette action lui
a permis de revenir à ma hauteur en lui garantissant le vol d’une de
mes villes. Je la croyais plus riche que moi et je me trompai : elle n’avait
plus que 3 ors en main !
– La carte parchemin de Julie lui permet de marquer 5 points et de me doubler
d’un point, alors qu’elle n’ a en tout et pour tout pioché qu’une seule
carte de politique !

Histoire de rajouter une couche sur ce dernier point, nous avons unanimement
jugé que ces fameuses cartes de parchemin pouvaient dénaturer
le jeu en apportant une part de chaos non négligeable en fin de partie,
surtout si les scores sont serrés. Notre idée n’est certainement
pas de les retirer du jeu, ce serait dommage d’intervenir de la sorte dans ce
superbe jeu, mais de les révéler dès qu’elles sont piochées.
Ainsi, un joueur qui a la chance d’en avoir pioché une marquera bien
les points indiqués mais, au moins, les autres joueurs en seront conscients
plus tôt dans la partie et auront le temps de réagir. Cette variante
doit, à mon humble avis, s’appliquer systématiquement pour toutes
les parties futures que nous ferons.

En tout état de cause, Löwenherz est à mon avis le jeu ultime
de la négociation, de la prise de risque, du placement, de la gestion,
du choix, … On ne s’ennuie jamais, aucun temps mort n’est à déplorer,
tout le monde est impliqué partout, tout le temps.
Fabuleux et incontournable !

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