San Marco

Type de jeu Placement
Optimisation
Auteur Alan Moon, Aaron Weissblum
Editeur (année) Ravensburger (2001)
Nombre de joueurs 3 – 4
Durée de partie De 45 minutes à 1 heure 30
Hasard
Mobilisation de réflexion
Reflet du thème
Qualité des mécanismes
Les + – Le système de partage des cartes par
les donneurs et de choix par les sélectionneurs,
– Les choix cornéliens à tout bout de champ,
– La qualité du matériel : plateau, ponts, cubes,
– Le vrai dynamisme des parties,
– Les tactiques à essayer : répartir ses nobles, les concentrer,
jouer sur les ponts, …
Les – – Le dé qui conditionne
le nombre de nobles éjectés lors d’un exil,
– Mis à part celui du donneur, les rôles attribués
au hasard,
– Le sentiment d’incontrôlabilité du jeu, parfois.
Configuration idéale 3 joueurs
Note subjective 16 / 20 (première
impression)
Nombre de parties effectuées Entre 1 et 5
Illustrations Dessus
de la boîte (30 Ko)
Aides de jeu

Critique générale
J’avais joué à Canal
Grande
, le jeu de cartes basé sur le même univers que San Marco
et adoptant des mécanismes très proches, et lorsqu’il m’a été
donné la chance de l’acquérir à Essen en 2003, pour la
modique somme de 10 euros, je n’ai pas hésité une seconde, tant
le jeu possède une bonne réputation (Bruno Faidutti en a fait
son jeu de l’année, Rody l’a placé dans ses jeux préférés,
…).

Dans ce jeu, les joueurs essaient de placer leurs
nobles dans les 6 quartiers de Venise, de manière à être
premier ou second (en nombre de pions) lorsqu’un décompte a lieu, sachant
que la partie dure 3 manches de durée variable. Jusque là, il
est clair que l’originalité n’est pas vraiment au rendez-vous. Mais attendez
un peu…
Le système de jeu asseoit la qualité de San Marco, en proposant
une très subtile répartition des tâches entre les joueurs
: dans une partie à 4, deux d’entre eux seront les donneurs, alors que
les deux autres seront les sélectionneurs. Ces rôles offrent une
mission parfaitement complémentaire à chacun d’entre eux : le
donneur pioche 5 cartes action et 3 cartes pénalités qu’il doit
répartir en 2 offres distinctes d’au moins 1 carte ; le sélectionneur,
quant à lui, choisira l’une des offres proposées, en réalisera
la série d’actions et laissera le donneur réaliser les actions
de l’autre offre. Autant dire que chacun des rôles nécessite de
faire le bon choix…
Les cartes actions, en nombre assez limité, permettent de :
– Placer des nobles dans un quartier, en leur faisant éventuellement
emprunter un pont à soi pour en changer,
– Placer un pont entre 2 quartiers (utile pour déplacer ses nobles et/ou
le doge gratuitement),
– Procéder à un décompte dans un quartier, en déplaçant
éventuellement le doge (récompense pour le premier et deuxième
joueur majoritaires),
– Corrompre un traître, en remplaçant un noble adverse par un des
siens,
– Organiser un exil, en retirant du plateau dans un quartier précis de
1 à 6 nobles.
Puisque le joueur qui exécute la série d’actions procède
dans l’ordre de son choix, il y a là encore matière à réflexion
pour optimiser ses gains.
Les cartes de pénalités, quant à elle, sont les détonnateurs
de la fin de la manche, puisqu’elles sont placées devant le joueur qui
les obtient, via les offres, et qu’elles ne doivent pas excéder 10 points
(cartes de 1 à 3). Dès que l’un des joueurs atteint 10 points
ou plus, il est out pour l’ultime tour qui débute alors. Puis, lorsque
ce dernier tour a eu lieu, chaque joueur qui n’a pas totalisé 10 points
de pénalités ou plus marque un nombre de points de victoire égal
la différence entre ce nombre de points et celui du joueur qui en a le
plus. Autrement dit, il faut éviter tant que faire se peut de prendre
des points de pénalité… Mais ce n’est pas si facile puisque,
en général, les offres les plus intéressantes comportent
également de nombreux points de pénalités !
Ajoutons que le joueur qui possède le moins de points de pénalités
en fin de manche est récompensé, en outre, d’un droit d’organiser
un exil supplémentaire où il le souhaite. Puis, une nouvelle manche
commence, à moins que la troisième aie déjà eu lieu,
ce qui occasionne, alors, un grand décompte final pour chaque quartier
de Venise. Puis la partie s’achève, en désignant le joueur ayant
le plus de points de victoire comme le vainqueur de la partie.

San Marco est vraiment un jeu réussi. Avec
une règle aussi limpide et un système de jeu aussi original, ce
jeu s’inscrit véritablement dans la lignée des jeux allemands
modernes. Certes, on retrouve le positionnement de cubes et la notion de majorité
initiés par El Grande ; certes
on peut déplorer que le dé détermine le nombre de nobles
à exiler ; certes on n’est pas certain que le tirage aléatoire
des rôles (excecpté celui de premier donneur) soit judicieux ;
mais on ne peut être qu’admiratif devant un tel condensé de bonnes
idées et de choix cornéliens vécus à tous les instants
de la partie. Que vous soyez donneur ou sélectionneur, vous êtes
sans arrêt en train de vous demander s’il vaut mieux prendre le risque
d’accumuler les points de pénalité ou tenter de les éviter,
s’il vaut mieux jouer groupé ou réparti, s’il vaut mieux tout
miser lors des tours « réguliers » ou tout faire pour participer
au tour ultime de chaque manche, s’il vaut mieux minimiser ses points de pénalité
pour marquer beaucoup de points en fin de manche et bénéficier
d’un exil ou s’en soucier comme de sa première chemise puisque le jeu
tourne pendant ce temps… Bref, je peux vous garantir que vous ne saurez jamais
où il vaut mieux aller ! Pour votre plus grand plaisir bien entendu.

Une dernière chose à propos des auteurs
: Alan Moon et son compère Aaron Weissblum nous servent là encore
un jeu de grande classe, qui semble issu de la même veine que la plupart
de leurs splendides créations : Time Pirates, Eiszeit, Das Amulett,
Oase, New England, Lumberjack, Canal Grande, … Tous des jeux très interactifs, avec des règles
limpides et des systèmes de jeu riches, des jeux équilibrés
et difficilement maîtrisables, en clair des jeux de grande classe qui,
pris collectivement, semble constituer une grande famille de jeux. J’en suis
admiratif et je commence vraiment à classer ce couple d’auteurs parmi
mes favoris.
Bravo et merci.

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