[01/11/2003] Bazaar

Participants
– Sophie, qui ne se rend pas compte du côté un peu mythique du jeu qu’elle va avoir la grande chance de tester avec nous ce soir,
– Julie, qui, elle en revanche, mesure pleinement combien la partie de ce soir est importante à mes yeux,
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Si je n’avais dû rapporter qu’un seul jeu d’Essen cette année, ç’aurait été celui-là : Bazaar.
Pourquoi ? Peut-être parce que l’auteur crée chez moi une sorte de fascination, peut-être aussi parce que les jeux des éditions 3M suscitent chez moi une irrésistible attirance. Après le fabuleux Twixt, il est clair que Bazaar m’interpelle… quelque part 😉
Lorsque je propose les jeux pour la soirée, je suggère soit Acquire (un autre 3M très… beau) et Bazaar. Après quelques palabres, c’est finalement Bazaar qui est retenu par l’assistance (en fait surtout Julie, car Sophie ne se rend pas vraiment compte de la particularité de tester un ou l’autre de ces deux jeux).


La configuration initiale où l’on peut voir, par exemple, qu’un
jeton vert peut être échangé contre un blanc, un rouge,
un jaune et un bleu, ou contre un bleu et deux rouges, ou encore contre
un jaune et un blanc. L’inverse est également vrai : un jeton blanc
et un jeton jaune peuvent être échangés contre un
jeton vert…


Un exemple de contrat : deux jetons rouges, deux jetons blancs et un
jaune …


Je n’ai pas voulu occulter Julie, non, non. Cependant, le plateau et
la boîte sont tellement superbes… Aïe, non pas taper sur
la tête…


Une vue très intéressante alors qu’une pile de contrats
est déjà épuisée.
Parmi les contrats proposés, deux sont similaires : trois jetons
rouges et, soit deux jaunes, soit deux bleus. Ayant réussi à
avoir deux rouges, deux jaunes et deux bleus, je suis certain de pouvoir
choisir l’un des deux contrats en question après un échange,
malgré l’éventuelle prise de l’autre (excepté, bien
sûr, si c’est le rouge/jaune qui est choisi puisque la partie s’arrêterait
: deuxième pile vide)…


Elle ne rigole pas trop Dame Sophie 😉 Il faut dire qu’elle vient
de comprendre l’intérêt de ne pas se précipiter
sur les contrats (elle a marqué 1 point pour le sien en 3 tours
alors que j’ai attendu 7 ou 8 tours pour le mien mais j’ai marqué
5 points). Alors, forcément ça cogite pour optimiser dorénavant…


Il n’y a pas que Sophie qui se prenne la tête
😉 Mais, le plus amusant, c’est qu’elle me pousse à jouer vite,
alors que ce jeu requiert clairement de prendre son temps…


Une vue rapprochée du plateau, permettant
de voir que la couleur bleue n’a pas les faveurs des contrats proposés.
Je me lance donc dans un début de collecte de jetons dans cette
couleur, convaincu que cela va tourner…


La configuration finale du jeu, une fois que
j’ai pris le dernier contrat de la seconde pile (rouge, rouge, rouge,
jaune, jaune). Même sans celui-ci, la réussite de 3 « gros »
contrats m’avait déjà assuré la victoire…

Décompte final
Je remporte cette partie avec un total de 19 points, devant
Julie avec 15 points et Sophie avec 12 points. Ci-après une analyse détaillée
:

Sophie

4 contrats réalisés pour un total de 12 points dont :

Moyenne par contrat : 3 points

– Un normal pour 2 points (résidu : 2 jetons)
– Un normal pour 3 points (résidu : 1 jeton)
– Un bonifié pour 5 points (résidu : 1 jeton)
– Un normal pour 2 points (résidu : 2 jetons)

Julie

5 contrats réalisés pour un total de 15
points dont :

Moyenne par contrat : 3 points

– Un normal pour 2 points (résidu : 2 jetons)
– Un bonifié pour 3 points (résidu : 2 jetons)
– Un normal pour 2 points (résidu : 2 jetons)
– Un normal pour 3 points (résidu : 1 jeton)
– Un bonifié pour 5 points (résidu : 1 jeton)

 

Ludo le gars

6 contrats réalisés pour un total de 19
points dont :

Moyenne par contrat : 3,17 points

– Un normal pour 5 points (résidu : 0 jeton)
– Un normal pour 1 point (résidu : 3 jetons et +)
– Un bonifié pour 5 points (résidu : 1 jeton)
– Un normal pour 1 point (résidu : 3 jetons et +)
– Un bonifié pour 5 points (résidu : 1 jeton)
– Un bonifié pour 2 points (résidu : 3 jetons et +)

 

 


Débriefing
Bazaar est fantastique ! Incroyable même. Quand on pense au nombre de
jeux qu’il existe dans le monde, on ne peut s’empêcher de se demander
pourquoi certains sont si limpides et si évidents… Bazaar fait partie
de cette classe de jeux : ceux qui sortent du lot.
Les mécanismes tournent à merveille, aucun temps mort, de la réflexion
en veux-tu en voilà, tout ça pour un résultat de haut vol
!

Le jeu nous a beaucoup plu, à tous, même si nous convenons, une
fois la partie achevée, que notre tête a fait un peu du ping-pong
et qu’elle a besoin de se reposer un tant soit peu. Sophie a éprouvé
des difficultés, au départ, pour comprendre le manque de pertinence
de jeter le dé, mais elle s’y est fait lorsque j’ai réussi une
belle combinaison normale pour 5 points, au lieu de ses 2 petits points marqués
sans optimisation. Julie a tenté d’optimiser grossièrement, c’est
à dire en acceptant un résidu de deux jetons la plupart du temps,
avant de resserrer les boulons sur la fin, pour terminer assez fort. De mon
côté, j’ai tenté, dès l’entame de réaliser
des coups lucratifs, même si ceux-ci peuvent être longs. Alors,
par la suite, j’ai alterné les gros coups avec des coups opportunistes,
histoire de ne pas tout miser sur un coup d’éclat assez hypothétique
(imaginez que l’un des joueurs me prenne le contrat que je visais…). Cela
m’a été favorable globalement.

Au niveau des enseignements sur le système de jeu, nous avons estimé
en fin de compte que :
– C’est un jeu où il faut accepter de réfléchir et que
les autres le fassent (même si ça peut être long),
– Le joueur qui clôt la partie a un net avantage, mais chacun doit s’y
préparer, et c’est peut-être celui qui épuise le premier
l’une des piles qui se place tout seul en difficultés (n’oublions pas
que lorsqu’une pile est épuisée, le reste des contrats visibles
est automatiquement bonifié, ce qui peut réserver de jolies remontées),
– Il semble impossible de gagner sans réaliser au moins deux gros coups
durant la partie, quitte à en négliger certains autres,
– Il est très difficile et long de revenir dans la partie lorsque l’on
réalise un gros coup : sans jeton de résidu, on est contraint
de passer un tour pour jeter le dé, puis un autre pour faire un premier
échange, puis au moins un autre pour tenter de proposer une combinaison
valide. Dans le même temps, vos adversaires ne vous ont pas attendu…
– Il doit exister une sorte d’algorithme de résolution de chaque contrat,
en fonction des taux de conversion. Je ne doute pas qu’un excellent joueur d’échecs,
par exemple, saura déterminer la meilleure suite de coups pour réaliser
de manière optimale une combinaison sans résidu. Dans ce cas-là,
les autres participants auront tout intérêt à ne pas laisser
traîner les cartes trop longtemps, même s’ils marquent moins de
points, car il est bien connu qu’un algorithme de ce type (optimisation global)
n’est pas optimal au coup par coup (optimisation locale) et que le joueur en
question ne pourra que difficilement se rabattre sur un choix moindre en cours
de route…
– C’est un jeu d’apprentissage, qui nécessite de bien assimiler les techniques
pour augmenter son stock de jetons, mais surtout celles qui permettent de le
réduire. Et là, c’est vraiment très très fort :
anticiper de 2 ou 3 tours pour collecter deux jetons précis dans le seul
but de les intégrer à une combinaison globale pour réduire
l’ensemble de son stock, c’est très très fort !!! Et le plus passionnant
du jeu, soit dit en passant…

Au final, Bazaar est un petit bijou ludique, l’un de ceux que l’on est vraiment
content d’avoir dans sa ludothèque, surtout que son mécanisme
ne ressemble pas à grand chose de connu, sinon vaguement au dérivé
Cash de Wolfgang Kramer…

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