En ce dimanche à la maison, nous en profitons pour découvrir, à deux joueurs, deux jeux que j’ai rapportés du Festival des Jeux de Cannes. Le premier, Via Nebula , a pas mal fait parler de lui lors du salon cannois, normal, c’est un jeu des Space Cowboys, et ils savent s’y prendre question buzz. 😉 En plus, et cela ne gâche rien, le jeu est tout simplement signé Martin Wallace ! Donc, forcément, ça me titille, moi le wallacien historique… Que nous aura donc pondu le prince de Manchester exilé depuis peu en Nouvelle Zélande ?
Ensuite, le deuxième jeu est un jeu pour deux joueurs, japonisant, estampillé Bruno Cathala : Haru Ichiban . Dans ce jeu, dérivé élaboré du morpion, on tente de réaliser des formes géométriques qui nous rapporteront des points.
Bonne lecture !
VIA NEBULA
Le look de la boîte n’est pas trop ma tasse de thé : trop blanchâtre, des dessins trop BD, … Mais enfin, bon, l’important c’est le jeu, hein ! Pas son emballage…
Ah là, par contre, au niveau emballage, c’est fort de chez fort : un thermoformage calibré au millimètre ! Même, par endroit, on est en-dessous du millimètre, avec des coincements, mais, bon an mal an, en forçant un peu, ça rentre tout ! La preuve… Même le plateau qui, au départ, ne voulait pas rentrer (il préfère rester étalé sur la table, le bougre)… Moi, je félicite les Space Cowboys pour ce joli travail (admirez les zones pour ranger les ressources par exemple) !
Sur le plateau (face débutant pour nous aujourd’hui), on positionne des jetons d’exploitation aléatoirement sur toutes les cases de plaines puis on les remplace par les ressources concernées lorsqu’il y en 5 de marquées (4 à deux joueurs). Les autres jetons restent en place et pourront être pris par les joueurs qui choisiront d’ouvrir les dites-exploitations en y plaçant un artisan (on en a trois en tout à 2 joueurs).
Chaque joueur dispose d’un plateau individuel sur lequel tout a bien sa place : les quatre piles de 5 tuiles de plaines, les trois pions artisans, les trois jetons de chantiers, les cinq bâtiments et, très pratique, un résumé des actions possibles à son tour. Enfin, sur la gauche, on pourra déposer nos ressources en excès (points négatifs…).
Chacun obtient deux cartes de contrats personnels connues de lui seul. Voici les deux miennes. Celle de gauche requiert un bois + une pierre + un cochon pour que je construise un bâtiment sur un chantier, avec comme effet de placer une autre ressource sur un autre de mes chantiers et un gain de 2 PV. Celle de droite requiert un bois + un blé + un cochon pour un gain de 4 PV. Mais, enfin ce n’est que mon avis, on a tout intérêt à réaliser les objectifs communs de l’étalage (plus puissants me semble-t-il), afin de taquiner un peu plus les autres…
Je place un artisan sur cette case qui contenait un jeton d’exploitation. J’empoche ce jeton, qui me rapportera 1 PV, et je place 2 argiles sur la case avec mon artisan. Facette intéressante : n’importe qui peut venir les prendre pour construire un bâtiment… Une sorte de coopération mais assez vicieuse, car, autant on a besoin d’éliminer ses ressources pour ne pas avoir des PV négatifs à la fin, autant on en a besoin pour construire ses propres bâtiments !
A son tour, l’une des actions possibles est d’explorer une case de brume en plaçant dessus une tuile de plaine. C’est la seule manière de se créer un chemin entre les ressources et les zones de chantier pour procéder aux livraisons. Ne serait-ce pas un jeu de train rethématisé Monsieur Wallace ??? 😉
Tristan construit le premier bâtiment de cette partie en ayant livré un blé + un cochon + un argile sur une zone de chantier blanche. Il y place donc un de ses cinq bâtiments et peut profiter du pouvoir de la carte. A noter que la partie s’achèvera quand un joueur en aura construit cinq…
La partie se déroule petit à petit, on tente des choses, pas de la même manière d’ailleurs : Tristan a tendance à explorer beaucoup et à construire dès qu’il le peut, alors que je suis plutôt dans un placement raisonné de bâtiments, attendant le bon moment pour en finaliser la construction (et profiter au bon moment de l’effet de la carte visée).
Via Nebula semble être un jeu addictif : on n’a pas fini cette partie qu’on sent déjà qu’on aura envie d’y rejouer vite. Cool !
Petite vue de la situation qui traduit exactement ma manière de jouer : j’ai déjà acheminé toutes les ressources requises sur mes deux chantiers marron mais j’attends pour les finaliser car j’ambitionne de prendre deux cartes très très intéressantes (Voie des Airs) afin de retirer une tuile de plaine du plateau à chaque fois et que je compte bien pénaliser, ainsi, mon gone !
Lorsque je prends la première carte Voie des Airs, mon fils couine un max car je lui retire celle qu’il vient de placer et que je la repositionne à un endroit qui m’arrange carrément. Ah, ça, ça me plaît !
Je prends la carte de fin de partie, peu après, après avoir construit mon 5ème bâtiment, dans la foulée des 3ème et 4ème qui m’avaient permis de prendre les deux cartes Voie des Airs. Cette carte me rapportera 2 PV. Par contre, je crains que mon seul explorateur visible, ne me rapportant que 2 PV, soit insuffisant pour l’emporter… On verra bien.
Tristan a joué son tout dernier tour dans la foulée et on va compter les points.
Le plateau de Tristan, une fois la partie achevée, avec trois explorateurs visibles, pour 6 PV, et trois ressources qui le pénaliseront de 3 PV.
Mon plateau final, avec un seul explorateur visible (pour 2 PV) et aucune ressource négative. Vais-je regretter de ne pas avoir joué ma dernière tuile de plaine de la deuxième pile pour mettre à jour mon deuxième explorateur ? J’en avais le temps au lieu de clore la partie si rapidement…
Durée de la partie : 35 minutes – Note de cette partie : 16 / 20
Scores :
Jetons
Bâtiments
Explorateurs
Carte de fin
Ressources
Total
Tristan (blanc)
11
10
6
0
-3
24
Ludo le gars (marron)
7
19
2
2
0
30
Bilan synthétique :
On a beaucoup aimé
– La fluidité phénoménale du déroulement de la partie,
– L’envie d’y revenir très vite !
– La durée éclair de la partie : ça sent le jeu qui présente ce que peut être un jeu moderne sans trop de hasard,
– Les coups vicieux, d’attente, qu’on peut se créer 😉
– L’observation initiale de la situation du jeu dès l’entame afin de planifier sa partie d’un point de vue stratégique (à la Durch die Wüste),
– La règle qui ne s’oubliera pas d’ici la prochaine partie et, ça, c’est pour moi une grosse qualité…
On a moins aimé
– Le look général du jeu, je n’en suis pas fan.
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HARU ICHIBAN
La boîte, blanche elle aussi, a un côté presque mystique avec cette fleur de nénuphar bleutée et ces deux sages japonais assis sur les feuilles flottant sur l’eau. Mais, attention, on est dans un jeu abstrait. Poétique, oui, mais abstrait.
Une partie se déroule en autant de manches que nécessaire pour qu’un des joueurs ait obtenu un total d’au moins 5 points. Selon la forme construite sur la mare, avec ses propres fleurs de nénuphar, on marque de 1 à 5 points. Un joueur peut donc gagner d’un coup, en une seule manche, et ça c’est bien ! Le mécanisme est à la fois classique et original. Classique, car on choisit une fleurs parmi les trois qu’on a en main (valeur de 1 à 8) et on les révèle simultanément pour savoir qui placera la sienne sur le nénuphar sombre (la plus petite valeur) et qui la placera sur le nénuphar de son choix (la plus grande valeur ). Original, car une fois ce placement effectué, le joueur qui a joué la valeur la plus faible déplace un nénuphar ou une rangée, alors que l’autre joueur choisit quel nénuphar sera le sombre du prochain tour.
Le rôle des grenouilles est assez étrange. En cas d’égalité de mise, celui qui réagit le plus vite en disant « Crôâ » place sa fleur à la place de sa grenouille et replace celle-ci en premier où il le souhaite. L’autre joueur fait la même chose ensuite. Etonnant dans un jeu de ce genre d’avoir ce petit aspect de rapidité.
Comme c’est notre première partie à tous les deux, on ne mesure pas trop bien quelles positions sont les plus avantageuses, mais, cependant, on se doute que le centre doit être plutôt pas mal, d’où nos premiers positionnements de fleurs. Ce qui commence à bien me plaire, à ce moment du jeu, c’est l’intérêt de jouer haut par moment et bas à d’autres, en fonction de la position du nénuphar sombre et / ou de la rangée qu’on aimerait décaler.
Alors que je me sentais très bien parti avec mon alignement de fleurs roses, je me fais griller la priorité de la forme par mon gone qui réussit un joli carré de fleurs jaunes. Donc, c’est lui qui marque le premier point. Pour la manche à venir, nous conserverons les positions finales, sauf que nos grenouilles rejoindront le nénuphar avec un nid d’œufs à leur couleur.
Voici donc comment débute notre seconde manche, laquelle ne devrait pas se dérouler tout à fait de la même manière… 😉
Ce jeu fait réfléchir, surtout maintenant qu’on a bien compris que l’aspect mémorisation lié aux valeurs déjà jouées par l’adversaire semble primordial aussi. D’ailleurs, je note que conserver son 1 et son 8 pour les moments critiques est plutôt une bonne idée…
Yes ! A mon tour de réussir une forme : alignement de 4 fleurs roses, donc gain de 2 points, enregistrés sur la piste des points de victoire à gauche. On va se lancer dans une troisième manche.
La troisième manche, encore plus intéressante que la précédente, amène au même verdict : j’empoche 2 points pour cet alignement de 4 fleurs roses. A noter que, au centre, ça a été la bagarre et que, pour un peu, j’aurais tout aussi bien pu réussir un alignement diagonal de 3 (ce qui m’aurait rapporté 3 points)…
Le moment critique : j’avais déjà joué mon 1 le tour précédent et Tristan n’avait joué ni le 1 ni le 2. Du coup, j’avais pas mal de chance de ne pas pouvoir jouer la valeur la plus basse. Il a l’air confiant dans sa pose de fleur face cachée et ne peut pas s’empêcher de murmurer « Yes ». Bon, je me dis que je ne peux pas, malgré tout, ne pas tenter de jouer mon 2. Au pire, je suis dans les starting blocks pour crier « Crôâ ». Mais je n’en ai pas besoin : il joue un 4, pestant contre le fait qu’il n’avait eu ni le 1 ni le 2 de sa pioche ! Il avait donc bluffé le bougre ! Heureusement que je ne m’étais pas fait avoir…
Et voici donc comment je réussis finalement à former un nouvel alignement de 4 fleurs roses, pour 2 points de plus et, donc, l’atteinte de l’objectif initial de 5 points (et même 6)…
Durée de la partie : 25 minutes – Note de cette partie : 14 / 20
Scores :
Total
Tristan (jaune)
1
Ludo le gars (rose)
6
Bilan synthétique :
On a beaucoup aimé
– Le rôle intéressant, et assez déconcertant, dans les deux cas : déplacement d’un nénuphar ou choix du nénuphar sombre,
– Le bluff et la prise de risque parfois au moment de miser : quelle valeur mettre ? pourquoi ? que pense-t-il que je vais jouer ?…
– La possibilité de gagner en une seule manche : on peut toujours s’en sortir même si votre adversaire mène 4 à 0,
– L’esthétique du jeu.
On a moins aimé
– Le côté globalement classique de l’ensemble,
– Le rôle des grenouilles que j’ai trouvées assez artificielles,
– La difficulté pour mémoriser la règle (peu naturelle) : heureusement qu’elle est très courte !
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Ah, il me plait le « Via Nebula » – et je le trouve joli mais je crois que nous n’avons pas du tout les mêmes goûts quant au design, je suis souvent perplexe face à tes coups de cœurs.