[06/08/2003] Eiszeit

Participants
– Gaël, qui après quelques mois de freinage ludique revient sur le devant de la scène avec ce jeu préhistorique,
– Elisa, dont le thème favori correspond à celui d’Eiszeit : survie et évolution,
– Julie, en route pour sa 3ème partie de ce jeu, presque un record 😉
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Gaël et Elisa étant en visite en notre demeure, je suggère une partie de l’un des jeux qui m’aura le plus marqué en ce début d’année 2003 : Eiszeit, le nouvel Alan Moon édité
chez Alea.
Accueil enthousiaste de la part de nos joueurs invités, il faut dire que la gamme Alea et le thème de ce jeu renforcent l’intérêt et l’attirance qu’on peut en avoir…

Gaël se munit donc des chasseurs noirs,
Elisa des jaunes, Julie des rouges et votre serviteur des verts. Après
une courte explication des règles, notamment le sens général
des cartes que l’on est susceptible de posséder en main, nous nous
lançons dans la mise en place de la partie, avec la disposition
initiale de 6 chasseurs par personne. Ceci fait, nous attaquons le premier
tour de jeu, en commençant par Ludo le gars, le plus poilu de l’assistance
(quoique…).


Juste avant le décompte de fin de la première époque
glaciaire …

ILorsque Julie place la plaque de glace, Gaël
et moi, alliés de circonstance en réaction à la semi-alliance
Elisa-Julie, savent très bien où va se retrouver cette avancée
mortelle : le terrain herbeux du centre, relié à la plaque
du coin par une fine connexion, est recouvert en quelques secondes. Exit
le mammouth et les chasseurs verts et noirs !
Comme les choses se mettent progressivement mais avec détermination,
Gaël et moi nous retrouvons souvent à devoir jouer de concert,
sous peine que la coalition féminine s’envole au score. Nous sommes
donc en présence d’un jeu par équipe, où les 2 partenaires,
assis côte à côte, jouent l’un après l’autre,
ce qui provoque des réactions en chaîne assez puissantes
(déblaiement ici puis là, placement d’un mammouth ici puis
d’un second dans la foulée, retrait d’un mammouth « adverse »
et replacement ailleurs, …).
Le jeu est très plaisant et cette seconde époque est savoureuse
: les coups bas sont légions et chacun y prend un malin plaisir,
limite vicelard…


Un exemple de coups bas de la part des « femmes » : alors que
la case terreuse accueillait un gentil mammouth, celui-ci se retrouve
en exil, tout comme le seconde jeton de feu que Gaël avait rajouté
sur cette même case. Du coup, cette case est déliremment
occupée par Gaël et moi, pour rien ou presque…

La troisième époque se termine
après de longs tours de jeu et je réussis à sortir
mon épingle du jeu, profitant de l’alliance Gaël-Ludo pour
ne m’attirer que des foudres féminines. Alors que j’offre à
Gaël la possibilité de clore la manche, avec un décompte
franchement favorable à tout le monde excepté Elisa (notamment
la case terreuse du centre où se trouve deux mammouths et deux
jetons sans aucun chasseur d’Elisa), il ne peut le faire et joue un coup
d’une très grande subtilité : il ramène un chasseur
d’Elisa dessus, en disperse un autre plus haut, ce qui la contraint à
ne pas pouvoir ruiner la case et à modifier ce qu’elle allait faire.
Très bien joué, même si, sur l’instant, nous avons
pû nous montrer dubitatif devant son choix.


Tendue cette manche, comme en témoigne mon visage à la
fois dubitatif, réfléchi et embêté par la situation
sur le plateau…

Gaël annonce clairement la couleur en disant que dorénavant
il va alterner ses attaques entre Elisa et moi, alors que nous étions
alliés de longue date… Aucune mémoire, vraiment 😉
Les mammouths, comme souvent dans ce jeu, ne font pas de vieux os sur
le plateau, et ils disparaissent aussi vite qu’ils ont apparu. De mon
côté, je réserve mes deux cartes pour en placer de
nouveaux en espérant avoir le temps d’en profiter en fin de manche.
Bien évidemment, cela passera par un fort capital de pierres, bien
anticipé.


Un troupeau de mammouths en vadrouille sur la table : situation fréquente
et réduisant le nombre de points potentiels sur le plateau, ce
qui est favorable à Elisa car elle possède beaucoup plus
de chasseurs que moi en jeu…

Le jeu touche à sa fin et si tout se
déroule comme je l’escompte, je devrais réussir à
placer encore un mamouth sur un terrain lucratif pour moi. Je joue donc
sereinement l’une de mes cartes, puis c’est à Gaël. Et là,
je suis sidéré par son action : il joue une carte claire
lui permettant d’intervertir deux chasseurs, qu’il utilise pour m’affaiblir
très fortement sur une case du bas du plateau où je marquais
beaucoup de points. Résultat : alors qu’il ne pouvait décemment
pas espérer gagner, il offre sur un plateau l’occasion à
Elisa de clore le jeu en jouant une carte sombre avec laquelle il retire
un mammouth ! Trop dur comme fin…


Une vue lors du premier tour de jeu…

La première époque ne se révèle
pas transcendante, en raison surtout de l’apprentissage des règles
par Elisa et Gaël et également parce que le jeu ne se décide
pas si tôt. Nous obtenons, d’ailleurs, des scores de quasi-égalité
à son issue.


Comme Julie est dernière au score à la fin de la première
époque (pour un point bien symbolique), elle dispose la première
plaque de glace, adjacente à l’une de celles déjà
placées. Elle choisit, bien sûr, l’une où se trouvent,
en grand nombre, des chasseurs adverses…

Les scores de la seconde manche sont très
favorables à Julie et surtout Elisa, alors que Gaël et moi
nous retrouvons distancés. Il va falloir leur montrer lors de
cette troisième manche de quel bois on se chauffe !!!

Cette troisième manche démarre
donc sur les chapeaux de roue, avec une volonté farouche de s’attaquer
aux positions d’Elisa en premier lieu et de Julie en second. Les actions
de Gaël se complètent assez bien avec les miennes et le
jeu est vraiment très animé : sachant que nous avons tous
les deux un retard important, nous nous montrons particulièrement
virulent contre les deux dames et à chaque carte foncée
jouée par l’un correspond une action jouée par l’autre
! Excellent et délectable. Détestable aussi, peut-être…


Gaël place la seconde plaque de glace, sous les conseils pervers
d’Elisa…

Lorsque la quatrième et dernière
manche débute, il est déjà fort tard et le jeu
devrait se jouer entre Elisa et moi tous deux en tête à
égalité, avec une avance de 5 points sur le suivant. A
moins que… l’on se tire la bourre tous les deux et que cela bénéficie
à un troisième larron.


Le début de la quatrième époque glaciaire…

Cette quatrième manche est donc extrêmemnt
tendue et chacun y va continuellement de sa petite phrase perverse :
« Mais enfin, tu n’as aucun intérêt à faire
ça… » ou encore : « Mais tu l’avantages en faisant
ça, joue au moins neutre »…
Cette facette du jeu est, je crois, cele qui le caractérise le
plus : un vrai jeu de négociation et d’entourloupe, alors qu’au
départ on pourrait croire à un simple jeu de placement
et de majorité.
Et bien oui, Alan Moon réussit un pari curieux : la négociation
au temps des premiers hommes ! Et avec des mammouths s’il vous plaît…

Cliquez pour agrandir !
La configuration finale du jeu

Décompte final
Elisa remporte cette partie avec un total de 42 points,
devant Gaël avec 41 points, Ludo le gars avec 40 points et Julie avec 39
points.
Le détail est le suivant :

Manche 1
Manche 2
Manche 3
Manche 4
Total
Gaël
11
8
8
14
41
Elisa
10
17
9
6
42
Julie
9
14
8
8
39
Ludo le gars
10
10
16
4
40

 

Débriefing
Cette partie s’est révélée frustrante comme rarement un
jeu en aura générées ! A l’issue du dernier tour, je demeurai
prostré, ressentant comme une injustice flagrante la dernière
action de Gaël qui n’a pas joué pour lui (à mon avis initial)
mais afin de ne pas finir dernier. Résultat : il a forcé la fin
de partie en permettant à Elisa de gagner la partie. Il est vrai que
le problème le plus pénible de ce jeu réside dans le rôle
des tierces personnes. Lorsque vous êtes premier ou seconde, vous ne pouvez
pas décider du moment de la fin de partie et c’est bien souvent l’un
des autres joueurs qui, par l’une de ses actions, va la provoquer et désigner,
du même coup et sans arrière-pensée, le vainqueur de la
soirée. C’est très frustrant, surtout lorsque le jeu s’est déroulé
avec tension tout au long de la partie et que celle-ci a duré environ
3 heures !!!
Après, sans vouloir polémiquer deux heures, ni passer pour un
mauvais perdant 😉 je dois dire qu’il est normal qu’Elisa l’emporte puisqu’elle
a été en tête quasiment toute la partie. Il aurait été
bien cruel pour elle que Gaël lui passe devant au dernier moment. Et ce
fut d’un rien que cela ne se fasse (1 point et ils étaient à égalité).

Le principal enseignement de cette partie restera donc que tout le monde peut
gagner, quel que soit son score et sa position sur le plateau. Il faut juste
essayer de ne pas être trop en ligne de mire afin
de surgir au dernier moment lorsque vos adversaires auront usé leurs
batteries contre les autres joueurs et que vous aure alors tout loisir de jouer
vos bonnes cartes. Un jeu d’opportunisme où l’on tente de jouer le plus
tard possible et de faire jouer les autres avec soi.
Un bon jeu donc, mais cet aspect frustrant le rend pénible et la durée
de la partie associée à des scores extrêmement serrés
peuvent laisser dubitatif sur le réel contrôle que l’on peut exercer
sur le jeu.

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