[06/11/2003] Maka Bana

Participants
– Sylvain, joueur réfléchi, qui va devoir jouer en blitz… ou presque 😉
– Elise, qui n’avait pas encore eu l’occasion de tester le jeu de François Haffner,
– Jérôme, qui se montre curieux de tester le fameux Maka Bana que le travail des Rencontres du Web ne lui avait pas permis d’envisager,
– Lolive, amoureux de ce jeu, à qui François a remis un set des 5 tikis de l’une des maquettes (issus du jeu du Totem d’or de Tintin),
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
François à Rochetaillée impliquait forcément une partie de démonstration de Maka Bana. François explique donc la règle définitive aux personnes attablées, parmi lesquelles 3 personnes sur 5 n’ont encore jamais joué au jeu.
Une fois l’explication, extrêmement travaillée et bien ancrée dans le thème du jeu, effectuée, chacun choisit des paillotes et un tiki à sa couleur et la partie peut débuter, sous le regard de son auteur et de Charles, qui n’avait, malheureusement pour lui, pas le temps
de tester le jeu ce soir.
Sylvain prend donc les éléments jaunes, Elise les bleus, Jérôme les rouges, Lolive les violets et Ludo le gars les verts.


L’auteur nous conte les mécanismes immobiliers qui régissent
l’île paradisiaque de Maka Bana…

Assez rapidement, une tendance se dégage : Olivier paraît
confortablement installé en tête du jeu, réussissant
à implanter de nombreuses paillotes, au nez et à la barbe
des autres promotteurs.
Elise, assez à son aise dans un rôle de dénonciatrice
en chef, me signifie que j’ai dû tricher au vu de la hauteur de
ma pile de cartes. Elle a raison, immanquablement. Mais, elle se mêle
clairement de ce qui ne la regarde pas : je voulais repeindre une paillote,
certes, mais pas une des siennes, comme le démontre l’assemblage
de mes cartes de localisation. La paillote visée était
l’une de Lolive, ce qui m’aurait permis de casser son axe de constructions
sur la plage Diabolo. Il ne s’était pas méfié le
gars… En guise de réparation, Elise est obligé de me
proposer l’une de ses paillotes que je repeins à ma couleur.
Elle n’en a qu’une, je la choisis 😉 avec philosophie.


Une vue rapprochée du plateau, visant à montrer que les
paillotes jaunes et bleues ne sont pas très nombreuses sur l’ïle,
au contraire des violettes, relativement bien placées en plus…


On s’y croirait presque, avec ces paillotes joliemment sculptées
et ce plateau brillamment illustré…

Comme tout le monde voit bien que la plage
Azzura devrait se jouer entre Elise et moi, seuls des Tikis viennent s’y
loger périodiquement, histoire de contre-carrer nos projets.
Pour ce qui est des implantations des uns et des autres, chacun voit midi
à sa porte : Lolive tente de consolider 2 plages sur 4, Jérôme
joue lui aussi sur 2 plages et Sylvain joue de manière répartie.
La triche fait rage, mais échoue de plus en plus souvent, la faute
au nombre de places qui se réduit de tour en tour et au positionnement
des Tikis adverses, de plus en plus malins… En revanche, ce qui est
plus surprenant, c’est le faible taux d’utilisation des peintures des
joueurs (excepté votre serviteur qui a mis à profit ses
2 cartes). Et c’est heureux !


Vais-je réussir à conserver ce joli alignement de paillotes
?

Et oui, il fallait le faire, Ludo l’a fait
! Rigolade générale, photo (malheureusement bien nette 😉
etc etc… En voulant empêcher Elise de placer sa paillote sur cet
emplacement d’Azzura, je me suis grillé tout seul, surtout qu’étant
premier joueur, j’aurais mis la mienne avant elle !
Bref, un grand grand moment, qui, au moins, m’assure que personne ne va
par la suite me considérer comme un candidat sérieux à
la victoire…


Lolive place son Tiki pour la dernière fois de la partie…

Chacun soulève ses mains de son tas
de cartes misées et je crie instantanément à Elise
: « Tu as triché ». Stupéfaction chez les autres
joueurs et François, qui me traitent de tous les noms, car Elise
n’est pour eux pas la personne à abattre. On regarde rapidement
ses 5 cartes pour voir si une carte peinture s’y trouve, ce qui n’est
pas le cas. Chacun place alors son Tiki, à l’exception d’Elise,
et Olivier ne peut pas s’empêcher de me dire que lui en a peut-être
mis une de peinture… Quelle erreur il fait : je place mon Tiki contre
l’une de mes paillotes de la plage Diabolo, au cas où. Il devient
vert de chez vert le p’tit Lolive… Bon coup !
Chacun révèle ses cartes, dans l’ordre du tour, et place
son éventuelle paillote. Lolive ne peut pas utiliser sa peinture
à cause de mon Tiki (bien senti ce coup-là…), et lorsque
je place ma paillote sur mon emplacement prévu sur la plage Azzura,
tout le monde comprend très bien pourquoi j’ai si vite attaqué
Elise.

On procède au décompte et, là,
j’en ris encore ;-))))))))))))))))))))))))))))))))))))))

Comme si cela paraissait d’une évidence
certaine, nous jouerons donc cette partie de découverte pour certains, avec la règle si novatrice dite de la Triche, celle où vous pouvez placer plus ou moins de 3 cartes sous votre pile…

Le début de partie part sur les chapeaux
de roues, puisque 3 joueurs sur 5 se permettent des largesses de triche,
ce qui conduit le plateau à se remplir significativement avant
même le troisième tour !
Seuls Sylvain et Jérôme se montrent irréprochables
pendant quelques tours, le temps de comprendre que pour l’emporter, il
faudra prendre des risques et aller peut-êre aussi contre leurs
principes 🙂


Le regard amusé et un tantinet émerveillé de Jérôme
en dit long sur son plaisir éprouvé durant la partie…

Plus la partie avance, plus la position d’Olivier
est claire : il va certainement essayer de clôturer la partie au
plus vite, en plaçant son tiki sur l’un des derniers emplacements
de la plage Bikini, tout en construisant sur un autre de la même
plage. Mais il est malin, le bougre : il ne fait absolument jamais ce
que l’on peut se douter qu’il fasse et il poursuit son irrésistible
ascension.


Il paraît que les Tikis sont vraiment basés sur la culture
des Polynésiens…

Chacun commence à évaluer ses
points de retard sur Olivier. En ce qui me concerne, je sais qu’il va
falloir consolider mes positions déjà acquises (plage Azzura)
face à Elise, tout en réussissant un gros coup contre Olivier
dans l’un de ses fiefs (plage Diabolo vraisemblablement). Bien entendu,
puisque tout le monde sait qu’Olivier est en tête, on va lui mener
la vie dure et cela pourrait être finalement bénéfique
à l’un des joueurs pas trop loin au score. A voir.


Nous alternons les moments sérieux et les moments d’hilarité
: ici, il est clair qu’on ne rigole pas des masses…

Il est temps que je passe à mon plan
d’action final : consolider ma plage Azzura d’une part et tenter un coup
contre Olivier.
Pour réaliser ma première étape, je choisis de tenter
de rajouter une paillote sur la plage Azzura, mais pas sur l’emplacement
le plus prévisible. Je ne procède à aucune triche,
afin de ne pas être coincé bêtement.
Lorsque je place mon Tiki, un doute m’assaille : et si Elise venait elle
aussi rajouter une paillote sur la même plage ? Emporté par
mon élan, je place mon Tiki vert sur l’emplacement ci-dessous(
voir photo). Sylvain pose le sien, puis Elise s’apprête à
faire de même et là… je peste comme un furieux, implorant
de pouvoir mettre mon Tiki ailleurs. Personne ne comprend mon attitude,
aussi je ravale ma rancoeur, en étant conscient que je vais dans
les instants suivants devenir la risée de la table. Mais je vous
laisse juger en regardant attentivement la photo ci-dessous…


LE coup qu’il faut avoir fait une fois dans sa vie de joueur de Maka
Bana…

C’est alors que je sors un coup digne d’un
héros de film de capes et d’épées…
Nous nous acheminons dans le dernier tour de jeu et Elise sera première
joueuse. Sachant qu’elle va tout faire pour tenter d’égaliser au
moins ma majorité sur la plage Azzura (en plaçant 2 paillotes)
et qu’elle est première joueuse, je décide que je vais la
dénoncer immédiatement (ce qui m’interdit d’envisager la
triche). Je choisis donc 3 cartes qui ciblent l’emplacement en bas à
gauche de la plage Azzura (qui devrait être libre de paillote si
Elise est effectivement exclue du tour). Reste à espérer
qu’aucun Tiki ne vienne s’y placer. Cela semble plausible, puisque ni
Elise, ni moi, ne semblons vraiment menaçants pour la victoire
(et mon coup précédent absolument nul ne m’apporte que peu
de crédit ;-))))


La configuration finale du jeu.

Décompte final
Je remporte cette partie avec un total de 19 points, devant
Sylvain avec 16 points, Jérôme avec 14 points, Lolive avec 13 points
et Elise avec… 2 points !
Le détail est le suivant :

Paillotes reliées
Majorités plages
Total
Sylvain
12
4
16
Elise
2
0
2
Jérôme
10
4
14
Lolive
9
4
13
Ludo le gars
15
4
19

Débriefing
Quelle partie mémorable ! Sublîme d’intensité, cette partie
de Maka Bana restera dans la mémoire collective des participants de ce
soir ! Un tel retournement de situation, couplé à une erreur précédente
tellement incroyable, et on obtient une partie inoubliable. La tête d’Olivier
lorsque j’ai placé mon Tiki pour la dernière fois est l’une des
plus belles images que le jeu m’a donné jusqu’à maintenant.
Tout le monde a trouvé le jeu de grande qualité, notamment Jérôme
qui a vraiment accroché à celui-ci. Il dira, d’ailleurs, que Maka
Bana contient tout ce qu’il aime dans un jeu : un mélange de réflexion,
subtile mais pas trop lourde, et un plaisir lié au fun que peut dégager
un jeu. Effectivement, les coups de bluff, d’enfoirés et un peu tactiques
parfois, font de ce jeu un jeu à part dans le panorama ludique actuel.

Au niveau des enseignements du jeu, nous avons noté qu’il ne fait pas
bon être en tête trop longtemps (Lolive finit avant-dernier, lui
qui était en tête tout du long). Cette facette du jeu est agréable
pour les joueurs qui aiment ces retournements de situation. Personnellement,
je n’en suis pas trop fan, mais dans un jeu de ce calibre, cela convient à
merveille.
Ensuite, en ce qui concerne les dénonciations, je suis toujours un peu
mitigé sur la faible part de risque liée à celles-ci et
sur le fait que certaines tierces personnes peuvent empêcher des dénonciations
importantes pour la gagne. Je m’explique pour les deux points :
– 1 – Dénoncer quelqu’un sans tricher soi-même n’est risqué
qu’à partir du moment où la personne en question utilise de la
peinture. Risque limité donc et en tout cas calculable.
– 2 – Des dénonciations rapides et intempestives peuvent ruiner une stratégie
de jeu : imaginons que deux joueurs se tirent la bourre en tête et que
ce soit un autre joueur qui dénonce un quatrième participant.
Les deux « gros » se frottent les mains, ils ont été épargnés
et pourront mener leurs desseins à bien.

Je sais, je sais, je chipote, mais c’est vrai que j’ai utilisé cette
opportunité (la deuxième) lors du dernier tour pour attaquer Elise,
alors qu’un autre joueur (Oliveir je crois) voulait dénoncer quelqu’un
d’autre. C’est un peu : le premier qui a parlé qui a raison.
Néanmoins, si l’on veut prendre le jeu tel qu’il est, on prend un pied
maximal et il faut l’accepter comme cela.

Maka Bana sera vraiment l’un des jeux les plus réussis de cette année
2003. Bravo François !

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