[08/02/2022] Virtù

Grosse après-midi ludique aujourd’hui avec la découverte d’un jeu costaud de chez costaud, sorti chez Super Meeple, à savoir Virtù, créé par Pascal Ribrault. Nous avons affaire à un jeu ultra-thématique, sur l’Italie de la Renaissance, avec toute une imbrication de mécanismes cherchant à valoriser et interpréter le thème, de l’annexion à la guerre, en passant par l’intrigue…
Comme le disait Machiavel en 1532, cité dans les règles d’ailleurs : « Il y a deux manières de combattre : l’une avec les lois, l’autre avec la force. La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes. Mais comme souvent la première ne suffit pas, il est besoin de recourir à la seconde. » J’adore cette citation et je me devais de vous la livrer pour aiguiser votre appétit ludique…

Alors voilà, nous allons ce jour découvrir ce gros jeu bien retors à trois joueurs, pas forcément férus de jeux de conquête et de diplomatie, mais nous allons y aller quand même, les mécanismes très modernes, très allemands, sentant très bons.
Spontanément, j’y trouverais bien des similitudes avec le Antique de Mac Gerdts (pas un vrai jeu de conquête, plutôt un jeu qui l’utilise comme d’autres facettes des actions à mener…

Allez, trêve de bla bla, les courtisans s’impatientent, bonne lecture du compte-rendu…

VIRTU

Grosse boîte, gros jeu, grosse ambiance de conquête à l’allemande à venir à 3 joueurs : Julie avec les rouges (Florence), Leila avec les jaunes (Naples) et moi-même avec les verts (Venise).
Sans surprise voici la carte de l’Italie avec nos positions respectives : chacun a deux disques de possession et deux troupes sur le plateau, sur deux villes prédéfinies et mémorisées par deux tuiles placées devant soi.
Au-dessus du plateau, nous avons placé le plateau de prestige, avec la piste de patronage (quand on tente de recruter des artistes) et la piste de cités (le nombre qu’on occupe sur le plateau). Y figure aussi, au-dessus, les éléments de décompte en fin de partie pour les joueurs possédant le plus de croix. Et, à droite, nous avons positionné les cités libres sur lesquelles nous allons essayer de placer des disques de possession pour en récupérer les tuiles…
Chaque joueur dispose d’un plateau individuel qui, à la manière de la célèbre roue de Mac Gerdts (d’ailleurs j’avais enregistré un podcast sur ce système à écouter ici), va pouvoir réaliser des actions avec un gros pion qui avance gratuitement de une à deux cases / cartes par tour (possibilité de payer pour avancer davantage). Les cartes que j’ai posées, ci-dessus, peuvent bonifier ou remplacer les actions des cases, ou être placées dans les zones externes appelées « cortigiano » c’est-à-dire que ce sont des courtisans qui nous offrent leurs productions (en bas relief des cartes). Je repréciserai tout ça bientôt…
Les cartes empochées lorsqu’on avance sur la piste de patronage sont de deux types : artistes (première colonne) ou œuvres (deuxième colonne), sachant qu’un même joueur ne pourra en avoir qu’une de chaque au maximum…
Julie, en tant que première joueuse, est en train de réaliser son action du premier tour. Les choix d’actions possibles (en gros, hein !) :
– Gouverner : cette action permet de retourner des tuiles de « ressources épuisées » en « ressources disponibles »,
– Patronner : cette action permet de progresser sur la piste de patronage moyennant un paiement qui augmente avec les niveaux,
– Commercer : cette action permet de récupérer deux florins par bateau dépensé,
– Intriguer : cette action permet de placer des masques sur le plateau pour s’avantager à l’avenir ou affaiblir un joueur,
– Annexer : cette action permet de prendre le contrôle d’une ville par la persuasion (pas de guerre),
– Guerroyer : cette action permet de prendre le contrôle d’une ville par la guerre, ou juste de déplacer des troupes.
Ci-dessus, et pour démarrer tranquillement, Julie est en train de patronner…
Après mon action d’annexion, voilà la situation de mon plateau, sachant que j’ai dû payer trois couronnes pour annexer une ville de valeur 2, donc j’ai retourné une tuile + deux cartes placées en cartigiano qui les indiquaient. Ce système de paiement, à base de cartes ou tuiles qu’on retourne est vraiment très bien vu et tourne nickel ! Je précise que, si on arrête son gros pion sur une carte de son plateau, on peut en dépenser une ressource mais sans la retourner.
Voici donc ma première conquête pacifique : Messine ! Cette ville m’octroiera un bateau quand j’en aurai besoin (action Commercer pour récupérer deux florins par bateau OU déplacement maritime d’une troupe lors de l’action Guerroyer)…
Leila prend son tour en annexant au centre du plateau et elle va nous surprendre par sa main-mise sur l’Italie justement !
Regardez-moi ça… Et je ne vous ai pas parlé de ses masques jaunes qu’elle étale de ci de là pour réduire les coûts plus tard ou nous gêner…
Très rapidement, et convaincu que pour être bien dans ce jeu il faut rapidement progresser, je m’offre la tuile de Duché de Venise contre le paiement de 3 florins + 2 couronnes. Cette tuile, en plus de me rapporter 1 PV en fin de partie et de m’ouvrir un nouvel espace corigiano, va me rapporter soit le droit de progresser d’une case de plus lors du choix de mes actions soit de disposer de deux chevaux (très utile pour déplacer ses troupes)…
Peu après, avec un bon patronage bien mené, je fais venir Machiavel dans mon domaine. Celui-ci me rapportera régulièrement deux couronnes ce qui n’est pas neutre du tout !
Pour ce faire, j’ai pris des risques en prenant une seconde carte d’indulgence sur mon plateau (cartes foncées qui octroie soit 3 florins soit 1 couronne mais il faudra les rembourser pour pouvoir débloquer les actions recouvertes)… Je suis convaincu qu’il faut aller vite dans son développement, d’où mes choix risqués certes…
Petite vue de nos progressions respectives sur les pistes. A noter qu’on s’est démenés à fond, au départ, sur les cités et puis…. pffft plus rien !
Je profite de cette photo pour expliquer quand survient la fin de partie : soit l’un de nous est au bout de la piste de patronage ou des cités, soit toutes les cités libres sont contrôlées. On a alors affaire à un gros décompte mais, au final, pour peu de PV (la règle indique que la victoire se joue autour de 15 PV)…
Beaucoup, beaucoup de matos sur la table du Paradis Jeux aujourd’hui, pour un type de jeu pas courant chez nous et, pourtant, particulièrement bien ficelé et réalisé. Bravo Super Meeple !
Observez bien la carte : Leila est extrêmement répartie, avec ses masques, va-t-elle y aller franco avec ses disques de possession ?
Franchement, ce ne sera pas ma stratégie d’intriguer, d’annexer ou de guerroyer, cette photo en atteste…
Par contre, ma stratégie, basée sur le patronage, les tuiles de titre (duché et principauté) et, surtout peut-être, les banquiers, va finir par se révéler redoutable…
Leila fait la fière d’être venue placer un masque jaune sur une de mes salles de palais… En fait, j’ai eu très chaud : si elle l’avait placé sur l’action Gouverner au lieu d’Annexer, j’aurais été très très mal ! En effet, ayant recouvert mon action Intriguer par une action Commercer, comment aurais-je fait rapidement pour retirer son masque ? Et oui, avec ma stratégie, j’ai absolument besoin de mon action Gouverner à tout moment ou presque ! Finalement, ça m’arrange presque (on joue la règle de débutants qui dit qu’un seul masque peut être placé dans chaque palais)…
Point de règle pas clair : Leila doit-elle retirer son masque après avoir conclu cette alliance avec l’Empire Ottoman ou le mettre sur la deuxième case ? On opte pour le retrait, ça paraît carrément plus logique…
C’est l’occasion, d’ailleurs, de saluer la qualité de rédaction de la grosse grosse règle : on y a tout trouvé sans aucun souci, ce qui rend le jeu très fluide.
Mon domaine avant que je porte l’estocade : j’ai deux banquiers et un évêque, ainsi que Machiavel à droite, je ne vais pas tarder à aller au bout de la piste de patronage…
Je récupère la Chapelle Sixtine que j’aurais dû revendiquer au tour précédent (tant pis !), celle-ci me plaçant devant sur la majorité des croix. Et, dans la foulée, je vais patronner pour clore la partie.
Julie, mais surtout Leila, vont être sidérées par une fin aussi abrupte… C’est la vie ! 😉
Voilà mon atteinte de la dernière case de la piste de patronage, synonyme de fin de partie à l’issue de l’hiver.
Ultime achat : une cathédrale, histoire de scorer 1 PV de plus.
Le plateau de l’Italie, une fois la partie terminée, alors qu’il n’y a pas beaucoup plus de cités possédées : seule une quatrième par Leila. Ça fait court…
Le domaine de Julie…
Celui de Leila…
Et le mien… avec un total de 3 banquiers !!!

Durée de cette partie : 3 heures – Note de cette partie : 16 / 20

Scores de cette partie :

Cités Patronage Cartes et titres Croix Trophées militaires Alliances Indulgence Total
Julie (rouge) 1 1 0+2 2 0 0 0 6
Leila (jaune) 2 1 1+0 0 0 1 0 5
Ludo le gars (vert) 1 3 0+3 4 0 0 0 11

Bilan synthétique :

On a beaucoup aimé
– Le système d’actions placées sur une roue fictive (palais de son domaine) avec la possibilité de les améliorer voire de les remplacer : ultra simple et très très riche !
– Le système de paiement avec les tuiles ou cartes à retourner : très simple et fonctionnel, ce système est très efficace,
– Le thème du jeu, qui transpire de toutes parts,
– L’impression que de multiples stratégies peuvent fonctionner, même la moins militaire (la preuve avec la mienne ce jour !),
– La qualité incroyable de la rédaction de la règle, sans ambiguïté,
– La mise à disposition d’une vraie règle autonome à deux joueurs (Les Guerres d’Italie) même si je ne suis pas sûr que j’arriverai à y revenir avec Leila…

On a moins aimé
– Le côté conquête et bonus / malus de points, pas toujours simple à mémoriser, nécessitant aussi de se montrer « méchant », ce qui n’est pas trop notre tasse de thé à la maison…
– L’investissement mental que requiert ce jeu, tant au moment de jouer qu’au moment d’expliquer la règle que de la lire, tout simplement…

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5 commentaires à propos de “[08/02/2022] Virtù”

  1. Wouahou… Voire Leila jouer à ce jeu.. je suis impressionné vu la complexité du bébé. Et aussi par ta stratégie si peu militaire. Chez nous on se tape bcp plus dessus… 😉 mais on est une bande de wargamer…. 🙂

    • Et oui ! D’où la sensation que ce n’est pas forcément le meilleur jeu pour notre famille… même s’il est certainement redoutable et ultra-tendu avec « une bande de wargamer » 😉
      Franchement, on a été vraiment saisis par la superbe mécanique de la roue et des cartes qui vont s’y placer… Ça, ça nous botte !
      Un grand jeu !

      • Oui un très chouette jeu comme tu dis exigeant et finalement assez déroutant pour un « wargamer » car avec une mecanique très jeu de plateau a l’allemande au final…. Comme tu dis proche de la roue d’action de Mac Gerdts

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