[13/08/2003] Chinatown

Participants
– Jérôme, qui va nous montrer ses talents de négociateur fou,
– Olivier, alias Lolive, qui saura se présenter comme un négociateur qui ne lâche rien,,
– Vincent, qui parviendra à négocier sans laisser trop voir qu’il s’en sort bien à chaque fois,
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Chinatown est le dernier jeu de la gamme Alea qu’il me restait à essayer. D’ici 2 heures je pourrai dire ce que je pense de chacune des productions ludiques de cette prestigieuse collection. Autour de la table, d’ailleurs, aucun de nous n’a expérimenté celui-ci, ce qui tend à confirmer que Chinatown est bel et bien l’un des jeux Alea les moins connus des joueurs français. Fermons cette petite parenthèse et entrons dans le vif du sujet.
Vincent se dévoue pour expliquer la règle, non sans mal 😉 et après une vingtaine de minutes nous sommes prêts pour attaquer la construction des boutiques dans le quartier de Chinatown.
Jérôme prend les marqueurs jaunes, Lolive les rouges, Vincent les violets et Ludo le gars les verts.


Après avoir placé ses marqueurs sur certains emplacements,
chacun d’entre nous se munit de 6 boutiques initiales…

Ne sachant pas trop comment aborder le problème
et quelle est la valeur des choses, je décide de jouer une stratégie
axée sur l’argent, c’est à dire la vente quasi-systématique
de mes biens, avec discrétion bien sûr et profit évidemment.
Pourquoi ? Tout simplement parce que les boutiques placées rapportent
des revenus durant la partie mais n’interviennent absolument dans le décompte
final (seul l’argent compte) et qu’en vendant un bien à un joueur,
celui perd de l’argent à mon profit (double intérêt).
Visiblement, les autres joueurs jouent le jeu de créer boutique
sur boutique sans trop penser à l’argent pendant plus des 2/3 du
jeu. Qui aura raison ?


Vincent gère son parc de magasins avec grand talent : assez
répartis et homogènes, ses boutiques de taille généralement
3 ou 4 se révèlent assez lucratives…

Plus le jeu progresse, plus il me semble que
je suis en bonne position, malgré la misère de mes boutiques
sur le plateau. Chacun touche un revenu compris entre 20000 et 30000 dollars
lorsque je plafonne à 10000, et s’approche de 35000 ou 37000 lorsque
je gagne 17000. Je tire mon épingle du jeu des rentrées
d’argent consécutives à la vente de biens auprès
de mes adversaires.
Mais, lorsque s’annonce les deux derniers tours, je me montre plus pessimiste
et je pense finalement être très très loin au score,
tant mes adversaires jouent le grand jeu. Jérôme me laisse
par exemple la monnaie sur une négociation déjà fort
avantageuse pour moi (15000 dollars pour un emplacement stratégique
et la 4ème tuile de feux d’artifice qui l’espère). Puis,
Lolive me paie 7000 dollars pour une autre transaction, avant que Jérôme
m’offre à nouveau 7 ou 8000 dollars pour l’ultime tuile de feux
d’artifice.
Si l’on regarde bien, cela fait environ 30000 dollars gagnés avec
aisance.
Mais cela me met normalement très loin des rentrées récurrentes
des autres joueurs.


Oh, la grande bijouterie !

Avant que je ne présente mes billets
aux autres joueurs, je découvre avec effroi que Vincent possède
3 billets de 20000 dollars, alors que je sais n’en avoir qu’un seul !
Mon inquiétude cède donc la place à un sentiment
encore moins satisfaisant : l’impression de ne pas avoir choisi la bonne
tactique de jeu car je vais être beaucoup trop loin au score.
Pour l’instant, Vincent dépasse Lolive de 2000 dollars et Jérôme
est distancé. Je procède alors à mon décompte,
avec mes nombreux billets de valeur modeste.
Résultat hallucinant : je termine avec 4000 dollars de plus que
Vincent et remporte donc la partie, au nez et à la barbe de mes
adversaires qui n’en croient pas leurs yeux !
Comme quoi ma tactique n’était pas si mauvaise…

La partie débute sur de très
bonnes bases : une mise en place rapide, un jeu qui semble fluide et
qui offre une totale liberté d’expression, un thème accrocheur,
des joueurs particulièrement motivés et enthousiastes
et… de la très bonne bière apportée par Lolive
(Haogarden et Chimay rouge !).

Chacun tire ses emplacements attribués
(pioche de 6 et conservation de 4), puis 6 boutiques qui pourront être
placées sur les parcelles en question, voire négociées
avec les autres joueurs contre tout ce que l’on veut… A ce petiti
jeu, je suis un tantinet inquiet, car, habituellement je souffre de
difficultés pour réussir des négociations qui me
soient profitables. Enfin, nous verrons bien…


Une vue rapprochée du plateau, où l’on voit la grane
concentration verte dans le quartier du centre en bas et le prometteur
grand magasin rouge (taille 6) en haut à gauche…

Comme il convient quand même de construire
des boutiques, je concentre mes efforts sur un seul quartier au sein
duquel je placerai successivement des magasins de couture, de radios
et de pantalons, avant qu’une gigantesque boutique de montres, élaborée
hors plateau depuis plusieurs tours, viennent recouvrir 6 emplacements
sur les 8 que je possédais ici. Délicat choix, mais je
ne me voyais pas attendre de disposer d’autant d’emplacements adjacents
en 3 ou 4 tours et ce grand magasin va quand même me rapporter
14000 dollars à chaque tour, ce qui est une véritable
rente…

Lolive, qui aura bien essayé de me
gêner en refusant toute négociation concernant une parcelle
du même quartier, réussira lui aussi la construction d’une
prestigieuse enseigne de détectives privés, et, ce, de
manière progressive.
Vincent, de son côté, profite à plusieurs reprises
des cartes de récompense qui lui offre un revenu aussi appréciable
que discutable.


Jérôme en jaune possède le dernier emplacement
utile à la grande agence de détectives privés de
Lolive. Cela devrait être lucratif pour lui…

Lorsque le dernier tour se déroule,
la cause semble être entendu : Vincent devrait être au coude
à coude avec Lolive, même si Jérôme ne devrait
pas être trop loin. De mon côté, je ne fais pas de
bruit et m’apprête à comptabiliser mes revenus après
les autres, occupé à inscrire les noms des joueurs sur
mon carnet de comptes-rendus de parties.


La configuration finale du jeu.

Décompte final
Je remporte cette partie avec un total de 122 000 dollars,
devant Vincent avec 118 000 dollars, Lolive avec 116 000 dollars et Jérôme
avec 99 000 dollars.

Débriefing
Chinatown a donc vu ma victoire suprenante, autant parce que j’ai du mal avec
les jeux de négo qu’en raison d’une tactique de jeu risquée. Mais
finalement, ce type de victoire est franchement agréable, surtout quand
vos adversaires n’en reviennnent pas.
L’ensemble des joueurs a trouvé le jeu bon, même s’ils n’y joueraient
pas tous les jours et, après délibération autour de la
pertinence des cartes de récompense, il ressort qu’elles paraissent artificielles
et aléatoires. Y aurait-il moyen de jouer sans ? Ne risquerait-on pas
d’attendre avant de construire nos boutiques, de voir sur quelles parcelles
nous pouvons compter ?

Au niveau du jeu, nous nous sommes amusés, en fin de partie, à
évaluer le taux de rentabilité de chaque espace (parcelle ou tuile)
occupé sur le plateau par joueur :
– Jérôme : 17 espaces pour un revenu de 25 000 dollars, soit un
revenu de 1 471 dollars par espace,
– Lolive : 21 espaces pour un revenu de 37 000 dollars, soit un revenu de 1
762 dollars par espace,
– Vincent : 21 espaces pour un revenu de 30 000 dollars, soit un revenu de 1
429 dollars par espace,
– Ludo le gars : 12 espaces pour un revenu de 20 000 dollars, soit un revenu
de 1 667 dollars par espace.
Il ressort de cette analyse que les négociations monétaires entre
les joueurs s’avèrent souvent plus payantes que la disposition de multiples
boutiques réparties, et qu’il vaut mieux en avoir moins mais plus lucratives
car, ce faisant, on aura pu vendre les emplacements et les boutiques supplémentaires.
Non négligeable. Surtout si l’on sait que le moindre bien vendu à
un autre joueur se négocie au moins à 2 ou 3 000 dollars. C’est
à dire plus que n’importe lequel des taux énoncés ci-dessus…
Cela donne à penser, non ?

Chinatown est donc un jeu réussi, qui ne plaira pas à tout le
monde tant les possibilités de négociation sont ouvertes, mais
qui se révèle quasiment irréprochable dans son genre. A
essayer, si vous aimez ce style de jeu.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*


× 7 = cinquante six