[14/06/2002] El Grande

Participants
– Elisa, en quête de pouvoir hispanique,
– Gaël, Grande Comicum !
– Julie, fine stratège au final,
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Ayant découvert ce jeu il y a une dizaine de jours, je souhaitais vraiment le faire partager à mes adversaires d’un soir, car il me semble qu’El Grande est un monument du jeu de plateau allemand : placement, majorité, enchères, cartes action, points de victoire, décomptes intermédiaires…

J’explique les règles, assez simples, en deux coups de cuillère à pot, puis chacun prend le Grande de sa couleur et le place avec 2 caballeros dans sa région d’origine :
– Elisa se place avec ses pions jaunes en Nouvelle Castille,
– Gaël se place avec ses pions marrons en Catalogne,
– Julie se place avec ses pions rouges au Pays Basque (tiens, tiens…),
– Ludo le gars se place avec ses pions verts en Séville,
– Le Roi se place initialement en Aragon.
Et c’est parti !

La première phase est sympathique et assez pacifiste : assimilation des mécanismes et gestion de régions sans trop de conflits de majorité, exception faite de la région initiale d’Elisa qui est âprement disputée. Notons que certaines d’action mémorables pointent le bout de leur nez lors de cette phase : par exemple, celle du décompte immédiat d’une région à choisir secrètement si personne ne la trouve.
Gaël prend cette carte, répand des caballeros pour brouiller les pistes, mais n’obtiendra pas le fameux décompte, car je trouve la région de Valence qu’il avait choisie.
De mon côté, je parviens à placer le Roi dans ma région d’origine juste avant le décompte et à m’assurer la majorité dans le Castillo.
Le décompte final est opéré et je prends une avance de 5 à 10 points environ.

La deuxième phase est magnifique et l’on sent bien la montée de la tension : Gaël, encore lui, déplace son Grande dans la région d’origine de Julie, le Pays Basque, puisque cette dernière a placé un marqueur provisoire lucratif de 8 pour le joueur majoritaire. Julie vit assez mal cette intrusion, surtout que non contente d’être défiée dans sa région, elle subit l’arrivée des caballeros de Gaël et perd la majorité.
Elisa use d’une stratégie qui peut payer en répandant des caballeros un peu partout sur le plateau : elle possède au moins un pion dans chaque région, avec comme objectif non pas d’être première, mais deuxième un peu partout. Ce peut être judicieux, à voir.
De mon côté, je procède à plusieurs décomptes intermédiaires tant que la région de Séville n’est pas prise d’assaut par mes adversaires. Les points gagnés le sont définitivement.
Lors du décompte du Castillo, je choisis de placer tous mes caballeros non pas dans ma région d’origine, où je n’en ai que 2, mais dans la région voisine (Grenade), où je n’en ai aucun, mais où je vais faire perdre leurs majorités à mes 3 adversaires (5, 5, 2). En effet, j’en place 6 d’un coup ! En revanche, je ne suis pas très bien dans ma région d’origine, puisque je perds ma majorité.
Le décompte me permets de renforcer cette fois mon avance, avec une marge d’environ 20 points sur mes poursuivants qui se tiennent en 1 point.

La troisième phase est très relevée et chaque joueur passe plus de temps à réfléchir, afin d’optimiser ses gains, tout en tentant d’annihiler les efforts adverses. Dans cette logique, je suis séduit par la carte Affaiblissement de l’autorité : renvoyer tous les caballeros de la cour de vos adversaires dans la Province, et je mise donc ma carte de 13. Julie ne se doute pas de ma manœuvre et mise un 12, alors que Gaël puis Elisa sentent venir le coup et misent un 1 et un 2, afin d’être en mesure de rassembler du monde dans leur cour au cas où. Je vais donc adapter ma stratégie en me disant que si je ne prends pas cette carte, quelqu’un la prendra très certainement, aussi autant placer tous mes caballeros de ma cour sur le plateau et prendre une carte action le permettant tout en en accomplissant une intéressante.
Je réussis à renforcer ma présence dans le bas du plateau et à déplacer le roi dans la région du pays Basque, où se trouvent le Grande de Julie et de Gaël, car une carte de déplacement de Grande se trouvait dans le lot de choix. Ainsi, il est fort possible que la carte d’affaiblissement soit choisie. C’est ce qu’il adviendra, et à l’aube du dernier tour, seul Gaël dispose de caballeros dans sa cour…
Le dernier tour est superbe, même si les cartes action proposées ne sont pas attractives : 2 d’entre elles ne présentent aucun intérêt pour personne. Gaël choisit celle qui lui permet de déplacer 5 caballeros d’une région, et il place ainsi 5 de ses pions dans le Castillo. Aïe !
Julie parvient elle aussi à blinder le Castillo. Re-Aïe ! Elisa et moi sommes un peu  déprimés à l’aube du décompte de ce Castillo. Les jeux sont faits…

Décompte final
Je remporte la partie avec un total de 102 points (tour du plateau dépassé), suivi de Gaël avec 86 points, de Julie avec 81 points et enfin Elisa avec 78 points.

Débriefing
Ce jeu a véritablement enchanté tous les joueurs de cette soirée :
– Dynamisme des placements,
– Rôle du Roi et du Castillo,
– Réflexion croissante et montée en puissance des intérêts,
– Bluff généré par les choix cachés sur le disque,
– …

Au niveau des mécanismes, cette partie aura révélée notamment qu’un éparpillement de ses forces (Elisa) conduit difficilement à la victoire.
En revanche, une grosse gestion du Castillo est propice à des gains importants (décompte + majorité soudaine dans une région).
Ajoutons que des décomptes intermédiaires bien dosés peuvent vous permettre de prendre une avance régulière, ce qui finalement est le plus important. Parfois même, je l’ai testé avec Gaël, vous avez tout intérêt à faire un décompte immédiat même si vous n’êtes que deuxième dans une région, car même si vous perdez du terrain sur un joueur, vous en distancez deux autres. Si les points gagnés pour le premier et le deuxième ne sont pas trop différents (5 et 4 en l’occurrence), ce peut être hautement stratégique…

Le plus important malgré tout, enfin à la vue de mon expérience de 2 parties, est d’être en mesure de placer sur le plateau le maximum de caballeros, et particulièrement dans le Castillo.
Après, une réelle démarche opportuniste et pragmatique s’impose pour gêner l’adversaire le plus dangereux pour vous, en se rappelant toujours qu’une carte que vous ne prenez pas, sera choisie par un adversaire et l’effet vous sera le plus souvent défavorable…

Quel jeu magnifique !

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