Tellement peu de parties ces dernières semaines qu’il faut optimiser ses moments ludiques en ciblant ce à quoi on veut vraiment jouer ! Ayant préparé la règle de A la Gloire d’Odin depuis un certain temps, mais jamais vraiment prêt à le sortir, cette fois je me dis que je le DOIS ! Du coup, sitôt arrivé à la salle des Ludophiles, je le propose à l’assemblée, en précisant que j’y jouerais volontiers à 2 ou 3 joueurs maximum, ayant un peu peur que ça soit lourd, voire très lourd sinon… Au final, on attaque une partie à deux joueurs, Edouard et moi-même, et ce n’est certainement pas plus mal, tant on galère dans la règle et le début de la partie… D’ailleurs, on fait un tour de jeu, en 45 minutes, puis, suite à une erreur absolument grossière qui m’avantageait considérablement, on annule tout et on recommence !!! Ensuite, par contre, ça a coulé tout seul, la partie s’est déroulée assez simplement et on a vraiment passé un bon moment, avec « un bon goût de reviens-y » comme l’a souligné Edouard…
A LA GLOIRE D’ODIN
Le gros jeu, dans sa forcément (très) grosse boîte : un Rosenberg pur jus, avec du matos à profusion, des actions en nombre limité, un renouvellement impressionnant des parties, … Cette fois, le jeu se déroule au pays des Vikings…
Chaque joueur reçoit un plateau individuel en début de partie, sur lequel il va tenter de développer sa tribu (les chefs vikings rouges pour moi). A gauche se trouve la grande zone sur laquelle je vais essayer de placer des butins collectés (verts ou bleus), tout en laissant visibles des revenus et des bonus, et en couvrant les fatidiques -1 PV ! En-dessous, je vais pouvoir placer des bêtes d’élevage (moutons et/ ou vaches). A droite, dans mon port, je pourrai amarrer 3 baleiniers maximum et un total de 4 autres bateaux (knarr ou drakkars). Au-dessus se situe la table du banquet, avec également les vikings dont j’en récupérerai un en début de chaque tour (total de 6 pour la partie courte du jour). Enfin, au centre, il y a le centre des affaires où sont stockés mes vikings utilisables pour le choix des actions du tour…
Le plateau principal, contrairement à Agricola, propose d’emblée toutes les actions possibles que l’on pourra effectuer ! Ca impressionne au début… Ensuite, au final, on s’y retrouve assez bien, surtout que chaque colonne n’induit pas la même dépense en nombre de vikings à y placer (bonne innovation de l’auteur pour le coup) : 1 viking dans la première colonne, 2 dans la deuxième, 3 dans la troisième et 4 dans la quatrième. Efficace et source de choix…
Bravo à l’éditeur qui propose directement dans la boîte ces deux casiers pour stocker les différentes ressources ! En bas, on a les ressources les plus faibles (orange) et une partie des animaux), au-dessus les rouges un peu plus intéressantes, au-dessus les vertes et enfin les bleues, ces deux dernières étant requises pour remplir sa grande zone sur son plateau individuel, en respectant deux règles : deux tuiles vertes ne peuvent se toucher que par les angles, les bleues pouvant se placer n’importe comment. Simple…
La phase 5 du tour (sur les 12 inscrites sur le plateau de résumé) constitue le coeur du jeu : le positionnement de nos vikings et la résolution de actions. Ci-dessus, on voit qu’au premier placement du premier tour, initié par Edouard, il a placé deux vikings pour récupérer une ressource orange (du lin de taille 3), une rouge (un poisson de taille 3) et une pièce. De mon côté, j’ai opté pour la conversion d’un lin orange de taille 3 en un rouleau de lin vert de taille 4. Oui, c’est ça, on sent bien qu’on va convertir à tour de bras…
En fin de premier tour, du fait du nombre variable de vikings utilisés pour réaliser les actions, nous n’avons pas effectué le même nombre d’actions chacun : 4 actions pour Edouard et 7 pour moi. Étonnante cette mécanique et plutôt intéressante…
Sur mon plateau, j’ai placé une tuile verte de taille 4 et une autre bleue de taille2 afin de recouvrir quelques cases en respectant la règle suivante concernant les revenus : on ne peut pas en recouvrir un qu’à condition que toutes les cases sous lui, à sa gauche et dans le carré en-dessous à gauche de lui le soit. Ainsi, ci-dessus, je ne pourrai pas recouvrir le 2 tant que je n’aurai pas recouvert les deux cases en-dessous de cette valeur (le bonus d’hydromel, à gauche, compte comme une case recouverte). Mon revenu, donc, actuellement, est de 2 pièces.
Ensuite, il faut nourrir ses hommes : ci-dessus, voici mon banquet en fin de premier tour, avec un panier de haricots, un poisson et une assiette de petits pois. Cela marche parce que les tuiles orange et rouges ne se touchent pas respectivement et que je n’en ai pas mis deux identiques en position horizontale (j’aurais eu le droit d’en mettre identique mais verticalement). De même j’aurais pu aussi mettre des pièces, si besoin… Les victuailles consommées au banquet sont alors défaussées.
La table est vraiment bien remplie, même à deux joueurs, mais on est quand même moins noyés qu’on ne l’aurait cru au départ. Le jeu est somme toute logique mais très riche en possibilités, avec une sorte d’impression que l’on a toujours une solution pour progresser, même si ce n’est pas optimal. D’ailleurs, bien malin qui pourrait dérouler une stratégie optimale d’emblée…
Voici le plateau d’actions en fin de deuxième tour. On commence à s’attaquer à des actions de la troisième colonne… A noter que, dans ce cas, on pioche également une carte de métier depuis la pile, en compensation du coût élevé. Par contre, pour jouer ces cartes de métier, il faut jouer une action : soit dans les dernières lignes du tableau ci-dessus, soit en faisant une action de la quatrième colonne (et qui offre ce bonus de compensation).
Un peu plus tard, je parviens à jouer deux cartes de métier pour guider ma stratégie : celle du Catapultaire (acquise lors de la mise en place dapuis la pile des cartes brun clair A) et celle du Boucher. La première va m’inciter à me lancer dans des Raids et des Pillages (pierre défaussée valant 2 au lieu de 1) alors que la deuxième va me permettre de bonifier certaines ressources rouges lors des phases de récolte où on ne récolte rien. Il va me falloir préparer mes tours de plus en plus finement…
L’un de mes pillages réussis me permet de placer le Saint Graal dans mon domaine ! Pas mal pour occuper de l’espace tout ça et puis ça en jette ! 😉
Nous arrivons à mi-partie (fin de troisième tour à venir). Finalement, on ne voit pas le temps passer et on commence à mieux lire le jeu. Cool…
Le plateau d’Edouard en fin de troisième tour, avec de très grosses difficultés pour rentabiliser ses revenus et ses bonus sur sa partie de gauche de domaine. En revanche, il a quelques bêtes et un baleiner équipé de minerai.
Mon domaine au même moment, avec une progression très nette sur la zone de gauche, des revenus de plus en plus conséquents et des bonus bienvenus. Je ne joue pas du tout sur l’élevage par contre… Au niveau des mers, je possède un drakkar, obligatoire pour piller correctement, et je suis en pleine réflexion quant à la construction d’un ou même deux autres (très lucratifs au niveau des PV si je parviens à les envoyer au loin pour faire Émigrer une partie de ma population (21 PV et deux cases en moins au banquet à remplir). Ça cogite, ça cogite…
La partie devient de plus en plus passionnante…
Ça paraît rien cette action, quoique fort couteuse : prendre 4 ressources sur un flanc de montagne + faire progresser deux ressources de deux niveaux, mais c’est clairement un très bon moment pour l’exécuter !
On arrive dans le money-time…
Vue du plateau d’actions après nos choix du tour 4. Il nous reste deux tours avant la fin de partie…
Oui, Edouard se prend la tête !
Les actions du tour 5, avec toujours aucune exploration vers les terres lointaines… On se dit qu’on serait bien présomptueux que d’aller à Terre Neuve ou au Groenland, avec des cases à compléter, sans avoir fini son propre plateau ! Quoique, me dis-je dans ma barbe, ayant repéré la présence de 8 pièces bonificatrices sur chacune des plaques…
Pas mécontent d’avoir fait émigré quelques membres de ma tribu (mais pas mes pions rouges de chefs, hein, c’est virtuel). En effet, cela « raccourcit » mon banquet et me fait gagner 21 PV au lieu des 8 PV du drakkar non retourné…
Vais-je réussir à terminer les cases -1 de mon plateau ? Tout en ayant dans l’idée d’aller taquiner les terres lointaines et de faire émigrer du monde encore au moins une fois avec un deuxième drakkar…
J’aime montrer ma suprématie !!! Oui, je m’adjuge la prestigieuse couronne d’Angleterre, suite à ce pillage de valeur 16 : 11 du dé + 3 minerais sur mon drakkar + 1 pierre (valeur 2)… C’est beau ! 🙂
Fou je suis : je pars pour Terre-Neuve et place le plateau additionnel à côté de mon plateau de base ! Pourquoi ? D’abord parce qu’il ne me ruine pas : il vaut 38 PV et les -1 qui s’y trouvent totalisent 40, d’où un petit écart de 2 PV. Ensuite, parce qu’avec les 8 pièces qui s’y trouvaient, je récupère en fait un différentiel de 8 – 2 = 6 PV. Enfin, avec les pièces collectées, je vais pouvoir plus facilement terminer mon plateau de départ et engranger un revenu final de 18 (d’où de nouveaux gains si mes calculs sont exacts)…
Voilà à quoi ressemble mon plateau individuel une fois placés les éléments qui le complètent…
Les actions du dernier tour, avec un Edouard qui me fait couiner un faisant un dernier Raid alors que je le visais avec mon dernier viking. Je me rattrape sur l’acquisition d’une pièce et d’une tuile bleue de taille 2 contre le paiement d’une pierre, ce qui correspond à 3 PV si mes calculs sont exacts.
La zone d’Edouard une fois la partie achevée, avec une cabane entièrement complétée à gauche, quelques bêtes sur son plateau, un baleinier et un drakkar acquis tardivement et, malheureusement pour lui, beaucoup de cases -1 encore visibles…
Ma zone finale, avec la partie gauche entièrement remplie (et revenu final de 18 donc !), aucune bête, un seul drakkar résiduel, deux émigrations réussies et un plateau additionnel quasiment vide (seules deux cases couvertes, donc valeur 0 du plateau en question : 38 – 38)…
Durée de la partie : 3 heures 15 minutes – Note de cette partie : 16 / 20
Scores de la partie :
Bateaux
+ Emigrations
Plateau
joueur
Plateaux
d’exploration
Cabanes
et maisons
Moutons
et bovins
Métiers
Argent
Couronne
Sanctions
Total
Edouard (bleu)
11+0
-26
0-0
8-1
12+2
1
5
0
0
12
Ludo le gars (rouge)
8+42
0
38-38
0
0+0
2
16
2
0
70
Bilan synthétique :
On a beaucoup aimé
– La simplicité, une fois ingurgitées les règles, pour que se déroulent les tours de jeu !
– La richesse qu’il semble y avoir, avec 1 000 et 1 façons de faire les choses,
– Le feeling global qui rappelle Amerigo avec son côté bien Tetris,
– Le coût des actions en vikings en fonction de la colonne,
– La bonne envie d’y revenir assez vite,
– Les deux casiers proposés dans la boîte..
On a moins aimé
– Le look un peu austère et terne du matériel par rapport à Caverna par exemple (le fabrication n’est pas la même),
– Un côté un peu « pompeux » du jeu : plein de pages de règles, des kilos de matériel dans tous les sens qu’on manipule sans arrêt, … alors que tout est finalement assez simple,
– Un côté Tetris très abstrait et pas forcément très séducteur au départ… puis on s’y laisse prendre !!! 🙂
– La crainte qu’on joue un peu trop dans son coin, mais ce n’est pas une certitude, loin de là…
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