Participants
– Romain, joueur noir, toujours partant pour découvrir les dernières productions allemandes,
– Sophie, joueuse jaune, pour une de ses premières soirées jeux le jeudi soir à la salle,
– Jacques, joueur rouge, qui bien qu’assez fatigué sur la fin, mesure combien ce jeu est subtil,
– Ludo le gars, joueur vert, votre serviteur.
Déroulement de la partie
Ce jeudi 21 avril 2005 marque une date importante, avec la réception du toujours attendu colis Schmidt, comportant l’ensemble des nouveautés ludiques du printemps, et lorsque je trouve à l’intérieur le splendide Babel de Knizia, mon sang ne fait qu’un tour : si je ne joue qu’à un jeu ce soir, ce sera celui-là… Résultat : on enchaînera deux manches fantastiques que je m’en vais vous conter ici-même…
Manche 1 : de la
découverte à l’enchantement… |
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Tétanisée par le fait de débuter la partie, Sophie,
en jaune, choisit l’action « Passer son tour », de même
que Jacques, en rouge, juste après…

En ce qui me concerne, je ne passe pas mon tour et je propose la construction
du jeton Navire de valeur 4 de cette merveille (j’ai 3 cartes de ce type
en main). Tous les joueurs vont donc faire une proposition de contribution
face cachée…

La statue de jenesaisplusqui vient de voir son dernier jeton adjugé,
aussi on procède à son décompte, avec la première
place pour rouge (10 points) , la seconde pour noir (5 points) et la dernière
pour vert et jaune (3 points)…

La partie se rapproche de son terme, avec ici la proposition, émanant
de votre serviteur, de construire le jeton 5 sur les Chameaux…

Il ne reste plus qu’un jeton violet (Navire), un jeton blanc (Sculpteur)
et deux jetons de chacun des autres types (Maçon et Chameau), aussi
le joueur actif, en l’occurrence Romain, se trouve devant un dilemme :
peut-il espérer marquer plus de points s’il ne déclenche
pas lui-même la fin de partie en choisissant un jeton violet ou
blanc ? Après réflexion, il décidera de proposer
la construction du dernier jeton blanc (au premier plan), sans pour autant
déclencher le décompte de la merveille où il se trouve
(reste encore d’un jeton chameau)…
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Le positionnement des colonnes des joueurs sur cette piste est relativement
surfait, car l’ordre du tour ne change jamais et la manipulation continuelle
des pions s’avère laborieuse et inutile…

Une fois révélées les propositions de chaque
joueur, je fais mon choix : je prends la proposition de Romain, constituée
d’une carte Navire, que je complète de mes 3 cartes correspondantes.
Romain place un marqueur de construction sur la merveille, j’en place
3 (une grosse maison) et je prends le jeton que je place caché
devant moi. Quant à Sophie et Jacques, chaque carte proposée
du type Navire est remise dans leur main, mais se traduit par 1 point
de victoire immédiat sur la piste de score..

Sophie hésite quant à ses choix, il faut dire qu’en
raison des multiples manières de marquer des points (majorités
sur les merveilles, cartes action, valeur des jetons, types des jetons
ou encore propositions refusées), on n’est jamais sûr de
choisir la meilleur solution qui ne favorise pas trop les autres…

Un peu plus tard, alors que chaque merveille non décomptée
n’accueille plus que deux jetons, il faut être conscient qu’en
lançant une construction sur une merveille, on donne la possibilité
au joueur suivant de déclencher un décompte (et donc de
s’approprier une fort convoitée carte action)…

Une vue de la situation une fois la partie achevée, avant
que l’on décompte les merveilles non terminées, que ne
soient récompensés les joueurs en fonction des types de
jetons amassés…
Ludo le gars remporte la première
manche
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Manche 2 : du dosage
à la grande impression… |
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Histoire de vraiment être sûrs que ce jeu est aussi bon
qu’il en a l’air, nous remettons le couvert en utilisant cette fois les
jetons bicolores, ceux-ci de valeur 5, permettant de marquer des points
en fin de partie pour l’un ou l’autre des types concernés. A noter,
également, que cette manche bénéficiera de notre
petite expérience du jeu, à savoir un meilleur dosage de
nos offres (ne pas mettre systématiquement toutes nos cartes d’un
type) et plus de merveilles décomptées…

Une photo sujette à réflexion : le joueur rouge, Jacques,
a-t-il forcément intérêt à proposer la construction
du jeton violet de valeur 6 ? Dans quelles situations son intérêt
serait de proposer plutôt un jeton de valeur inférieure,
sachant que la couleur, par hasard ici, reste la même ? A vos neurones…

Un cruel dilemme pour tous les joueurs : je propose une construction
violette, alors que j’ai en main les cartes pour la faire seule, le cas
échéant, et les autres joueurs ne sont pas du tour certain
d’être classé pour le décompte de la merveille. En
effet, pour l’instant, Sophie est seconde et Jacques est troisième,
quant à Romain il n’est même pas là… Ce type de
situation est jouissif pour le joueur que je suis…

Jacques propose la construction d’un des deux derniers jetons de la
Tour de Babel, sur une merveille où il n’a pas encore de marqueurs
à sa couleur. Il sera victime, une fois de plus et il s’en plaindra
d’ailleurs, de la présence de la carte Echange de chacun au sein
de leurs offres, ce qui l’oblige à construire seul s’il ne veut
pas perdre son jeton…

Sophie a provoqué la fin de partie et il ne nous reste plus
qu’à décompter les merveilles restantes, les jetons emmagasinés
par chacun (je me marre doucement à l’intérieur car, sur
mes 7 jetons, j’ai 4 chameaux, synonymes de 20 points de bonus) et les
éventuelles cartes actions donneuses de points (là aussi,
je suis plutôt content avec ma carte : 1 point de plus par jeton
amassé)…
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Jacques maintient sa main sur son offre pour la première construction
de cette partie, lancée par votre serviteur, afin non pas de
placer moult marqueurs de construction, mais plutôt dans l’optique
de récupérer un maximum de jetons, technique qui a fonctionné
à merveille pour Sophie lors de la manche précédente.
Au niveau tactique, d’ailleurs, je m’évertuerai à dépenser
le minimum de cartes, mais au moins une pour être présent
partout avec mes maisons, afin d’épuiser mes adversaires et de
glaner jeton sur jeton…

Une vue générale du plateau qui reflète assez
bien cette seconde partie consécutive à celle d’initiation
: aucune merveille n’a encore été décomptée
et pourtant moult maisons se trouvent déjà sur le plateau,
beaucoup mieux réparties que pour la première manche…

Une vue générale peu après, où l’on note
que chacun, à l’exception de Sophie, essaie d’être présent
dans le plus de merveilles possible (pour être sûr de marquer
au moins 3 points par décompte). La situation de Sophie s’explique
simplement : elle joint systématiquement sa carte Echange à
ses offres et n’est jamais choisie par ses adversaires, surtout qu’elle
ne place jamais plus de 2 cartes avec (aucun intérêt de
se faire subtiliser le jeton pour 2 maisons de plus)…

On pourrait croire que les parties se suivent et se ressemblent (avance
de Sophie et de Ludo) mais, en y regardant de plus près, on se
rend compte que, à l’aube de la fin de partie (reste de 6 jetons
seulement), Sophie n’est présente dans aucune des 5 merveilles
restant à décompter…

Clin d’oeil final sur la folie allemande : ils ont superbement illustré
le… dos du plateau ! Excellent…
Ludo le gars remporte la seconde manche
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Décompte final
Durée de la partie : 2 heures et 15 minutes (1 heure + 1 heure 15) – Mise en place du jeu : 10 minutes – Explication des règles : 20 minutes
Si l’on totalise les 2 scores enregistrés, Ludo le gars remporte la partie avec un total de 173 points (75+98), devant Romain avec 156 points (65+91), Sophie avec 134 points (65+69) et Jacques avec 92 points (31+61). Le détail, manche par manche, est le suivant :
Manche 1 |
Piste de score
(+cartes action)
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Merveilles finales
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Type des jetons
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Total
|
Romain (noir) |
25
|
20
|
20
|
65
|
Sophie (jaune) |
30 + 5
|
15
|
15
|
65
|
Jacques (rouge) |
21
|
10
|
0
|
31
|
Ludo le gars (vert) |
52
|
13
|
10
|
75
|
Manche 2 |
Piste de score
(+cartes action)
|
Merveilles finales
|
Type des jetons
|
Total
|
Romain (noir) |
45
|
26
|
20
|
91
|
Sophie (jaune) |
54 + 5
|
0
|
10
|
69
|
Jacques (rouge) |
38
|
23
|
0
|
61
|
Ludo le gars (vert) |
50 + 7
|
16
|
25
|
98
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Débriefing
Certes, on va certainement me taxer de critiques dithyrambiques, mais qu’importe, je m’en tape ! 🙂
Quel choc ! Un jeu comme celui-ci, pratiqué en découverte, c’est du bonheur pur !
Der Turmbau zu Babel est un jeu à savourer par les joueurs connaisseurs, trop abrupt à coup sûr pour les « joueurs occasionnels » qui ne l’apprécieront pas à sa juste valeur, le trouvant certainement fade et répétitif, un peu comme il faut du temps pour se délecter des arômes d’un grand vin ou les volutes d’un cigare vaporeux.
On débute tous un jour et il n’est pas concevable d’apprécier tout de go le fin du fin. C’est une question de culture…
Le jeu est un modèle d’équilibre, à tous les niveaux, et on ne peut se montrer qu’admiratif devant le talent d’un auteur qui réussit à faire mouche sur chacune des « grosses » productions qu’il nous sort. Un vrai et beau Knizia à se mettre sous la dent, c’est un REGAL, qu’on se le dise…
(Pour les analyses tactico-stratégiques, je vous renvoie aux très nombreuses légendes des photos ci-dessus, qui vous montreront quelques manières de penser et de jouer sur ce jeu délectable).