[30/11/2002] Der Grosse Gallier

Participants
– Elise, ma gauloise belle-soeur de Lugdunum,
– Rémi, son acolyte non moins gaulois,
– Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Le jeu Der Grosse Gallier que nous allons tester ce soir simule des tournois gaulois dans ce qu’ils proposent de plus farfelus. Nous lisons les règles une première fois et nous nous rendons immédiatement compte que ce jeu est orienté bluff à fond, ce qui ne nous enchante guère dans un premier temps : aucun de nous 3 n’est un fervent adepte du genre.

Une fois les mécanismes imprimés
dans nos petites têtes, nous nous lançons à l’assaut
des villages gaulois dessinés sur le plateau, à l’aide des
pions arbitres colorés de la même couleur que les tournois
qu’ils encadrent.
Nous prenons chacun une couleur de pion et de bluff : Elise le violet,
Rémi le beige clair et votre serviteur le noir. Elise est désignée
comme première joueuse pour le tour initial.

Le jet de 5 dés propose 3 valeurs différentes,
ce qui signifie que 2 cases seront occupées par plus d’un pion
arbitre. Un premier tournoi jaune a lieu, puisque le pion arbitre jaune
a rejoint un village gaulois. Elise prépare ses cartes, puis Rémi
et enfin moi-même pour une première tentative de tournoi.
Elise ne remporte pas le tournoi, mais elle acquiert déjà
un jeton de récompense car elle a bluffé dès l’entame,
la coquine !


Une vue rapprochée du plateau lors du premier tour de jeu…


Le plateau initialement préparé avec le couvercle de la boîte au fond.
On peut admirer le visage très rondouillard du Grand Gaulois qui illustre la boîte…

Les tours s’enchaînent assez rapidement
et nous nous rendons compte progressivement de la nécessité
de bluffer relativement souvent afin d’acquérir les précieux jetons de tournoi, permettant de décaler son pion sur la piste de scores et de bénéficier, ainsi, des cases spéciales
: carte bonus à choisir, avancée de 4 cases, …
Nous notons également la position stratégique d’être
dernier : les points marqués sont alors doublés.
Rémi et Elise, surtout, ont bien compris l’intérêt
de miser peu, afin d’être dernier dans les tournois, ce qui permet
d’être l’accusateur et donc de ne pas être démasqué
en blufant soi-même… Subtil non ?

De mon côté, après que
j’ai accumulé 3 jetons, je me lance dans un sprint afin de prendre
une avance notable au score, lorsque la ville de Lugdunum (points doublés
pour tous) se profile à l’horizon. J’espère que la dite
avance me suffira….


Le plateau au bout de quelques tours, lorsque
les premiers pions arbitres ont Lugdunum en ligne de mire…


La situation finale du jeu où l’on aperçoit
nos pions sur la piste de scores…

Je commets alors une erreur grandiose : je tente de bluffer 4 fois d’affilée
afin de remporter 1 ou 2 jetons de tournois me permettant de franchir
sans heurt les 2 case rouges de la fin du parcours… Mais, je suis démasqué
lors de mes 3 premières tentatives, ce qui permet à mes
2 adversaires de revenir au score : nous sommes tous dans un mouchoir
de poche à l’aube des dernières cases…Elise, fidèle à elle-même, se plaît à
jouer des cartes de toutes les couleurs quelle que soit celle du tournoi,
en y plaçant des jokers bien entendu, mais également, par
fantaisie, des cartes ne comptant pas pour le total…


Elise et Rémi cogite pour revenir sur moi sur le piste de scores…
Cela promet…

Heureusement (pour moi…), je parviens à remporter 3 tournois
d’affilée et à m’envoler définitivement sur la piste
de scores. Elise ne pourra pas me rattraper, d’autant plus que Rémi,
en ne s’engageant pas dans le dernier tournoi, me laisse la possibilité
d’y être second, sans avoir besoin de bluffer.
Pour le fun, et également parce que mes cartes me le permettent, je joue suffisamment de points pour dépasser Elise sur la piste de bluff… Je remporte cet ultime tournoi, et je sors vainqueur de cette
amusante partie.

Décompte final
Je remporte cette partie avec un total de 59 points de victoire,
suivi d’Elise avec 52 et Rémi avec 43.

Débriefing
Der Grosse Gallier est l’un des jeux les plus curieux qu’il m’ait été
donné de jouer ! On passe son temps à jouer des cartes devant
soi, de manière plus ou moins logique, et à annoncer des totaux
des plus farfelus, tout en essayant de montrer du doigt son voisin, certainement
plus fourbe encore que soi…
La position de l’accusateur est extrêmement bien fichue, avec l’obligation
de se décider sur l’attitude de ses pairs et de tenter de repérer
le plus probable des bluffeurs.
Il est clair que remporter des tournois est fondamental pour espérer
gagner (seul moyen d’acquérir des points de victoire, si l’on ne retient
pas l’option d’échanger des jetons contre des cases), mais que sans jeton
il est quasiment impossible d’y parvenir (pioche de nouvelles cartes ou décalage
sur la piste de scores).
Cependant, il convient, en fin de partie, de tenter de sprinter pour
prendre une avance déterminante, et cela ne peut se faire que si le terrain
a été bien préparé :
– Plusieurs cartes intéressantes dans les couleurs se rapprochant de
Lugdunum,
– Conservation de cartes de bonus,
– 1 ou 2 jetons de tournois.
Se faisant, la fin de partie est l’un des moments les plus passionnants, car
tout le monde voit bien qu’il faut remporter des tournois, en dépit d’une
insuffisance de cartes de valeur (il n’est pas possible que chacun dépasse
18 points, on le sait bien, mais pour accuser quelqu’un il faut être en
dernière position sur la piste de bluff, et donc en position de ne marquer
aucun point si l’on se trompe sur son accusation…). C’est un cercle vicieux
très savamment dosé qui ressemble bien aux problématiques
totueuses de l’auteur.

Der Grosse Gallier est donc un jeu de bluff pur, agréable
à jouer, malgré 2 aspects moins attrayants :
– Le graphisme bizarre des éléments n’inspire pas à la
contemplation,
– Le jeu à peu de joueurs limite les possibilités et occasionne
des accusations successives sur le même joueur. Si l’on est 6, par exemple,
le problème ne se pose pas et le jeu devient plus délirant : imaginez
que 5 joueurs déclarent avoir misé plus de 18 points et que vous
êtes l’accusateur, vous savez pertinemment que plusieurs ont bluffé,
mais que vous ne pourrez en accuser qu’un seul !

Curieux et original, agréable à pratiquer,
Der Grosse Gallier est un bon jeu à connaître car il se révèle
bien meilleur que la réputation qu’il traîne.

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