[Comparatif] La presse ludique en VF

Il y a 3 ou 4 ans, on déplorait régulièrement l’absence d’une presse ludique, en français, spécialisée dans les jeux de société « modernes ». Aujourd’hui, après la création de Jeux en Boîte en novembre-décembre 2000, celle de Jeux sur un Plateau en décembre 2003, celle de Tangente Jeux & Stratégie en décembre 2004 (après la case Vox Ludi en mars-avril 2004) et enfin celle de Plato en novembre 2005, on ne peut que noter que certains éditeurs de presse se sont chargés de résoudre ce problème. En  bien ?

Toutes les analyses comparatives ci-dessous ne sont le fruit que de ma propre appréciation et ne saurait vous guider que de manière indicative dans vos choix, si vous souhaitiez vous abonner prochainement, par exemple. Les numéros comparés sont ceux qui viennent de sortir : le n°32 de Jeux en Boîte, le n°22 de Jeux sur un Plateau, le n°16 de Tangente Jeux et Stratégie et le n°1 de Plato.

Critère n°1 : La quantité / le volume disponible pour les informations

 
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 Fort de ses 70 pages intérieures, TJ&S réunit le plus grand nombre de pages pour un magazine ludique. Ceci dit, aussi bien la taille de la police de caractères que l’aération majeure des articles laisse penser que nombre de pages n’égale pas le volume réel d’informations…  Avec ses 8 pages de plus (d’où l’intitulé nouvelle formule), JsP plafonne à 58 pages intérieures. Là, la police de caractères ne trompe pas le chaland (c’est très petit) et même, il vous faudra peut-être chausser des lunettes pour lire avec confort !  Le petit dernier de la presse spécialisé commence avec 40 pages intérieures, très bien garnies. La police de caractères, comparable à celle de JsP, offre une lecture dense et riche. C’est du concentré d’informations cette affaire-là.  Avec ses 26 pages intérieures, JeB est le moins fourni des 4 magazines présentés. Et pourtant, c’est le plus ancien de la bande… Doit-on en déduire qu’il n’est pas facile de maintenir un nombre de pages important dans une presse aussi pointue ? (pour mémoire, le n°1 comportait 38 pages).

Critère n° 2 : Le rapport qualité / prix

 
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4 euros pour un tel volume d’informations, sur papier glacé, avec un jeu en encart… ben euh… total respect là 😉 C’est même à se demander comment ils s’en sortent à JsP. En tout cas, on en a vraiment pour son argent, no problem. Alors certes, on n’a que 26 pages à lire, certes ormis la couverture colorée, le reste est en noir et blanc sur papier assez brut, mais on en a quand même pour son argent, car à 4 euros le magazine, avec un talent éditorial certain, JeB se positionne clairement en seconde position de ce petit classement. Le nombre de pages est important, la couleur à tous les étages, le jeu en encart  et le papier glacé. Mais le magazine coûte quand même 5 euros 90, ce qui n’est pas des plus abordables. Ajoutez à ce constat une certaine impression de vide intérieur et vous conviendrez que ce magazine n’est pas le plus performant sur ce point. Dernier né de la série, Plato commence assez mal son rapport qualité/prix, car avec un tarif initial de 6 euros 50 pour la France, on est loin du magazine de Monsieur tout le monde. La seule formule convenable est l’abonnement, puisque ce faisant, non seulement vous payez moins cher au numéro, mais en plus un jeu au choix vous est offert (dont Times’s Up qui vaut à lui-seul presque 45 euros).

Critère n° 3 : La richesse du contenu

 
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Même si nous n’avons qu’un seul numéro pour le juger, il semble que le contenu abordé dans Plato soit de qualité : pointus et bien écrits, les articles se succèdent avec bonheur. Le magazine réussit le pari de proposer des articles de fond (1/3 de la revue) sur un volume important. Encourageant. Bien que je ne sois pas friand des revues qui ne proposent que des critiques de jeux, je place JeB en seconde place car j’apprécie tout particulièrement le rédactionnel à la fois sérieux et fun de Fred Bizet. Mais on aimerait y trouver plus d’articles de fond (seulement 1/8 à 1/9 des pages). A l’inverse de JeB, JsP a su évoluer depuis sa création pour proposer aujourd’hui un nombre impressionnant d’articles de fond (2/3 de la revue). Mais, son manque récurrent de rigueur orthographique, sa prose souvent grandiloquente et son esprit non clairement défini (« grand public » ou « hard core gamers ») m’empêchent de le mieux classer que 3ème. Il n’est pas facile de positionner TJ&S dans ce classement. En effet, il aborde tant de sujets variés qu’il est impossible de le juger, dans l’absolu, moins riche que les autres. Ceci dit, l’éparpillement des sujets abordés et le manque de profondeur général des articles le rende assez creux finalement. Le magazine grand public par excellence, pour ceux qui recherche de la diversité éditoriale au détriment des détails.

Les plus de chaque magazine :

 
Le look Les critiques Les articles de fond La diversité
Le look coloré, allié à des critiques et des articles bien écrits, contribue à rendre le magazine attractif et plaisant. La qualité éditoriale des critiques place ce magazine en référence sur ce point. La variété et le nombre colossal des articles de fond hisse sans problème JsP au sommet des magazines sur ce point. Autre bon point : la pointe de l’actualité qui est toujours au rendez-vous. Mêlant avec bonheur tous les genres ludiques existants, TJ&S offre une lecture variée, une lecture zapping assez demandée. Autre point positif : la présence de très nombreux jeux mathématiques, toujours recherchés par les amateurs.

Les moins de chaque magazine :

 

 
Le rapport qualité/prix L’uniformité Le manque d’âme La superficialité
Pour 6,5 euros, on est en droit d’attendre plus. Certes, ce n’est que le premier numéro (d’une longue série, espérons-le), mais quand même : il se lit en bien peu de temps et même s’il est touffu, on le parcourt bien vite. Le défaut de ses qualités : à proposer tant de critiques, JeB ne propose que ça. Et je trouve ceci vraiment dommage à l’heure de l’internet, à l’heure où l’information est disponible en temps réel sur le net. Certains critiqueront également le papier utilisé, pas moi : l’important c’est le contenu ! Le manque de rigueur orthographique, lexicale, grammairienne et la mise en page bien peu professionnelle donnent l’idée d’une revue sans âme, sans public clairement défini. S’adresse-t-on au grand public ? oui et non. S’adresse-t-on au spécialiste ? oui et non. S’adresse-t-on à quelqu’un d’autre ? peut-être. En clair, le mélange des genres et le ton tour à tour vulgarisateur et érudit rend le magazine assez bizarre et peu attractif. Le moins que l’on puisse dire, c’est que TJ&S est le roi de la superficialité. LEs articles sont souvent courts, peu documentés, et il ne reste que peu de choses dans les têtes une fois les textes lus. Certes, les sujets sont variés et invitent à aller plus loin sur tel ou tel thème, mais ce n’est pas la revue qui vous le permet. Et si vous n’aimez pas les casse-têtes mathématiques, passez votre chemin (1/2 du volume du mag) !

Mon classement personnel : 

 
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Le premier numéro m’a emballé : vivement les suivants ! Malgré mes nombreuses réserves sur ce mag, je pense que JsP est sur la bonne voie. Bien réticent à adhérer totalement au concept, je penche quand même pour dire que ce mag est plaisant. Pour moi, la plus grande déception de cette dernière année écoulée : JeB ne parvient pas à évoluer avec son temps. Allez, Fred un p’tit effort  🙂

Et le vôtre de classement ? Dans les commentaires SVP…

5 commentaires à propos de “[Comparatif] La presse ludique en VF”

  1. Bonsoir Ludo,
    Merci pour cette critique comparative des 4 magazines. Je te trouve très dur avec JEB qui me semble très clairement ciblé et qui personnellement est celui que je préfére à ce jour (je n’ai pas encore recu mes 2 premiers numéros de PLato). Quant à JSP, ils ont quand même beaucoup évolué et même si tout n’est pas parfait (ni pas réellement tout ce que j’apprécie), je pense aussi qu’ils sont sur la bonne voie. Enfin, il reste du chemin à chacun pour rattraper 2 magazines étrangers en anglais (pour lesquels je suis abonné) : Counter (qui ressemble à un gros Jeux en Boite) et Games International Magazine (qui concilie richesse des analyses et articles de fond).
    A+
    Ollivier

  2. Merci est13 pour ta réaction.
    En fait, si je réagis avec un peu de dureté envers JeB (à tes yeux), c’est parce que je l’aime bien ce mag. C’est celui par lequel j’ai ré-apprécié à fond les jeux de plateaux et c’est celui qui a ouvert la route aux autres. Mais, c’est aussi le seul qui, selon moi, n’essaie pas d’évoluer dans une direction plus moderne (la non-prise en compte des accès à Internet, ce que je ressens quand je vois qu’il n’y a que des critiques de jeux dedans, me paraît incroyable aujourd’hui). Pour moi la vraie valeur ajoutée d’un mag, par rapport au net, c’est de proposer des articles de fond. Mais, je sais aussi, pour en avoir écrit un ou deux pour JeB, que ce sont les plus longs à écrire…
    Néanmoins, pas de méprise, je le lis toujours avec beaucoup de plaisir, même s’il n’est plus mon mag préféré.

  3. ah ben…
    merci pour ces gentils commentaires sur Plato 🙂
    ce n’est que le premier numéro effectivement, et on s’applique tous pour améliorer encore le contenu 🙂

    pour le prix trop élevé pour la france, je suis entièrement d’accord, je n’arrête pas de réclamer. mais pour l’instant, c’est le prix à payer pour lui faire passer la frontière, et j’en suis l’une des premières désolée :-/

    merci encore ! et bonne continuation au blog 🙂

  4. yep ! très intéressant !
    et ce n’est pas parce que je travaille pour Plato. même sans ça, j’aurais trouvé ça très bien. ça peut guider les gens 🙂
    une très bonne initiative, bravo !
    🙂

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